Aéroport: trafic perturbé… par les baisers

DEPOSE RAPIDE • Un dernier bisou avant le départ? La configuration actuelle de l’aéroport rend cette pratique nuisible à la fluidité du trafic.

  • S’arrêter en début de voie bloque tout le système. DR

    S’arrêter en début de voie bloque tout le système. DR

«Beaucoup de gens n’utilisent pas correctement l’aire Kiss & Fly. Nous avons tout essayé, mais la plupart des conducteurs font descendre bagages et passagers à la hauteur de la tonnelle, bloquant ainsi la moitié de l’espace disponible.» Celui qui se désole ainsi n’est pas n’importe qui: Bertrand Stämpfli, porte-parole de l’Aéroport de Genève, est bien placé pour tirer ce diagnostic peu rassurant.

En fonction, sous sa forme actuelle, depuis fin 2013, cette voie, longue d’une centaine de mètres, longe le niveau départ à 20 mètres des entrées de l’aérogare. Elle permet la dépose rapide des voyageurs sur le départ et de leurs bagages par des proches en voiture qui repartent sans parquer leur véhicule.

La plupart du temps, pourtant, elle agit comme un piège. Dès qu’une voiture s’arrête sur la voie, les automobilistes qui suivent font débarquer à leur tour bagages et passagers, réduisant d’autant la place pour les suivants. En quelques secondes, deux automobilistes indisciplinés peuvent ainsi bloquer une ligne qui fait tout de même près de 100 mètres!

Solution simple

Pire encore, rappelle René Desbaillets, président de la section genevoise de l’Automobile club suisse (ACS): «Lors des périodes de vacances, il est arrivé que la file remonte sur l’autoroute jusqu’à la sortie de Palexpo, bloquant l’accès au Palais des expositions. Il n’y a tout simplement pas assez de place pour tous les véhicules et les gens qui veulent se dire au revoir convenablement.»

Comme avant?

Même son de cloche côté taxis. Ceux-ci déposent leurs clients sur une voie parallèle et déplorent régulièrement le manque de place et une position trop éloignée des portiques d’entrée qui nuit aux passagers âgés ou handicapés. «Il serait pourtant simple de prévoir un parking de quelques minutes en épis, propose René Desbaillets. Les gens pourraient s’arrêter sans bloquer toute la file. Ensuite, ils devraient pouvoir repartir en avant et ainsi ne pas créer de trouble inutile. D’ailleurs, c’est comme ça que c’était avant: facile et efficace.»

Ces plaintes récurrentes laissent Bertrand Stämpfli mi-figue mi-raisin: «Croyez-moi, le directeur de l’Aéroport ne se lève pas chaque matin en se demandant comment il pourrait entraver le parcours des usagers. Nous sortons de quatre ans de travaux de rénovation et les accès ont dû être modifiés à de nombreuses reprises pour laisser place au chantier.»

«Nous avons tâtonné pour tenter d’améliorer en continu la dépose-minute, sans avoir encore trouvé de solution totalement satisfaisante, poursuit le porte-parole de l’aéroport. Fin octobre, la rénovation sera terminée et nous pourrons repenser cet espace qui restera étroit et doit être partagé entre sécurité, pompiers, véhicules diplomatiques, taxis, bus, navettes et particuliers. Si le Kiss & Fly ne constitue pas une bonne option, on l’abandonnera.»

Les usagers attendront donc de savoir à quelle sauce l’aéroport les accommodera. Dans l’intervalle, en périodes chargées, des vigiles continueront à indiquer aux automobilistes là où ils sont priés de bien vouloir embrasser leurs proches en partance.