Lorsque vous flânerez le long de la rue Saint-Michel en direction de la Basilique du même nom, imaginez la calèche de la Reine Victoria cahotant sur les pavés en 1882!
Ce séjour avait été organisé par son obstétricien, le docteur Jacques Bennet, qui, en 1859, avait quitté Londres pour la Riviera afin de soigner ses bronches. La noblesse et les nantis de toute l’Europe suivirent son exemple. Des hôtels aux frises décoratives et autres colonnades majestueuses le long de la mer et des villas somptueuses sur les hauteurs furent construits.
La Belle Epoque bat son plein: Menton est une perle où il fait bon être vu. Cependant, son climat humide n’est guère favorable aux personnes souffrant de tuberculose. Par quel hasard fut-il bénéfique à Bennet qui vécut jusqu’à l’âge de 84 ans? Personne ne sait. En villégiature médicale, le gotha russe et britannique, quant à lui, décéda bien avant. Les tombes du cimetière du Vieux Château en témoignent.
Place au décor
Sur les hauts de Garavan (quartier de Menton), le jardin «Les Colombières», conçu par Ferdinand Bac (personnalité de la Belle Epoque) entre 1920 et 1928, est composé d’une villa et d’un parc sur 11 hectares. «Accrochez»-vous aux branches! C’est un délire mis en scène dans un décor grandiose qui rend hommage à la Méditerranée. Les spécialistes affirment que l’espace dédié à Orphée n’est plus que «cette trinité immense, du ciel, de la mer et des arbres».
Toujours avec un esprit poète, filez à la Salle des Mariages de l’Hôtel de Ville. Sur les murs, vous y retrouverez Orphée, Eurydice et d’autres amoureux peints avec des couleurs azur et ocre par Jean Cocteau entre 1957 et 1958. «L’œuvre ne fait pas l’unanimité, confie David Rousseau. Certains Mentonnais n’hésitent pas à la qualifier de «tatouage» des murs.» Quel est votre avis? Cet animateur du Patrimoine à l’humour dans la formulation vous invite chaleureusement à venir en ces lieux.
Le fruit d’or
Le citron de Menton est unique. Il se distingue par sa forme elliptique, sa couleur qui change selon les saisons, son arôme l’épaisseur de sa peau et surtout la douceur de son acidité. Pour le déguster, rien ne vaut un fruit tout juste cueilli dans le Domaine de la famille Gannac, agrumicultrice depuis 1991. Coupé en fines rondelles qui deviendront ensuite des quarts, c’est une explosion survoltée de saveurs en bouche, pétillantes et suavement acidulées.
Le citron de Menton IGP – il y a même une variété dite «caviar» – est un produit gastronomique. Sa production limitée fait grimper le prix à plus de 2 euros la pièce.
Pour la petite histoire, lors de la célèbre Fête du Citron de Menton en février, les 180 tonnes d’agrumes nécessaires à la décoration des chars viennent de Sicile et d’Espagne. Il paraît même que les Mentonnais achètent leurs fruits et légumes du quotidien en Italie à Vintimille, à deux pas.