11 décembre 1602. Par une nuit noire comme de l’encre, le duc de Savoie fait marcher son armée sur Genève. Il veut prendre la cité par surprise pour en extirper ces hérétiques de protestants et en faire la capitale de ses Etats. Un projet qu’il prépare depuis deux ans.
Peu après minuit, sa troupe, forte de 2000 mercenaires, prend position à Plainpalais. Un bataillon s’en détache. Direction le rempart de la Corraterie où ces soldats d’élite dressent leurs échelles. Avant d’envahir la ville endormie. Facile. Trop facile. Car, brusquement, une ronde sortie du poste de la Monnaie surprend les assaillants. Dans la mêlée qui s’ensuit, une sentinelle lâche un coup d’arquebuse qui réveille toute la ville. Boum! Aux armes citoyens!
Merci Isaac Mercier
L’alarme est donnée. Les cloches de la cathédrale se mettent à sonner le sinistre tocsin, le canon tonne brisant une échelle. En bien des lieux les combats sont acharnés. Pendant qu’une vieille aux poings vigoureux coiffe un Savoyard avec sa marmite, des assaillants se dirigent vers la porte de Neuve pour la faire exploser, afin de laisser pénétrer le gros des troupes, comme prévu dans ce plan diabolique. Alors que le pétardier Picot s’affaire à placer sa charge, Isaac Mercier monte sur une passerelle et tranche la corde qui retient la herse de la porte, sauvant Genève à lui tout seul. Ou presque. Héroïque!
Une belle cacade!
Le 12 au matin, les Genevois, qui ont perdu 18 des leurs, se rendront dans les temples pour y louer la divine pr ovidence. Sous la houlette du théologien Théodore de Bèze qui, cette nuit-là, dormit comme un loir. Et pour cause, il était sourd comme un pot! Quant au duc de Savoie, mesurant l’étendue de sa défaite, il lancera à son lieutenant cette cinglante apostrophe: « Vous avez fait là une belle cacade!»