Grosse descente de police dans trois restaurants asiatiques

TRAVAIL AU NOIR • Huit employés chinois ont été embarqués et condamnés pour travail et séjour illégaux. Le patron de la chaîne de fast-foods est aussi dans le collimateur de la justice. Il crie au scandale.

  • Pierre Turtschi, patron des 3 enseignes «Mike Wong» à Genève s’est dit outré par l’intervention massive des autorités dans ses établissements juste avant midi. PASCAL BITZ

    Pierre Turtschi, patron des 3 enseignes «Mike Wong» à Genève s’est dit outré par l’intervention massive des autorités dans ses établissements juste avant midi. PASCAL BITZ

«Ils sont venus en force peu avant midi perquisitionner mes trois restaurants simultanément! Ils ont embarqué huit de mes employés d’origine chinoise!» Pierre Turtschi, patron de la chaîne Mike Wong, les trois restaurants asiatiques du centre-ville, est dépité. «Je ne m’attendais pas à cela! Les fast-foods de la rue du Cendrier, James-Fazy et du Conseil-Général ont été investis par la police en plein jour. C’était le 14 juin vers 11h 30, juste avant le repas de midi… Quelle horreur, devant mes clients. Il y avait la police cantonale, municipale, des fonctionnaires du Service du commerce (SCOM). Ils étaient une dizaine en tout à débarquer dans chacun de mes établissements en même temps! Un déploiment en masse qui était vraiment inouï et surprenant!»

Problème de personnel asiatique

Que reproche-t-on à cette chaîne de restaurants? «J’emploie, il est vrai, du personnel et pas toujours avec des autorisations de travail, admet Pierre Turtschi. Cela dit, il est très difficile de trouver des employés dans le vivier asiatique à Genève. Et lorsque j’ai ouvert, en 1998, 2001 et 2009 ma chaîne – ndlr: il a également ouvert un fast-food à Fribourg en 2012 – , je ne pouvais pas attendre deux ans pour obtenir des autorisations de travail pour ma soixantaine d’employés! Car le problème est bel et bien là, il est impossible de trouver du personnel sachant cuisiner thaïlandais ici.»

Condamnations

Le Ministère public confirme les trois perquisitions: «Plusieurs employés de nationalité chinoise ont été interpellés et condamnés ensuite par ordonnance pénale, confirme Henri Della Casa, porte-parole du Ministère public. Ils ont été condamnés pour entrée illégale et séjour illégal et activité lucrative sans autorisation.» Il précise que les peines sont comprises entre 40 jours-amende avec sursis et 80-jours-amende ferme et que certains prévenus sont des récidivistes.» Et que risque le patron de la chaîne asiatique? «Une peine pécuniaire pour avoir employé des étrangers sans autorisation», précise Henri Della Casa.

Lutte contre le travail au noir

De son côté la police cantonale rappelle que ces contrôles de travail au noir font partie d’une priorité du Conseil d’Etat depuis 2014. Ce que corrobore la justice: «La lutte contre le travail au noir, en particulier lorsqu’il est générateur de concurrence déloyale, fait partie des priorités définies dans la politique commune de lutte contre la criminalité», conclut Henri Della Casa.

Pour l’heure, les trois fast-foods restent ouverts.