Taxis: les chauffeurs appellent à la désobéissance civile

GUERRE DES TAXIS • Dès le jeudi 24 mars, les taxis indépendants ne respecteront plus la loi cantonale tant qu’Uber ne se sera pas mis en conformité avec la loi.

  • Les taxis se mettent hors-la-loi. dr

    Les taxis se mettent hors-la-loi. dr

  • Salvatore Perez, président du SCCIT, et Cédric Bouchard, directeur de Taxiphone, ne feront plus contrôler leurs tachygraphes, lecteurs de disques et autres compteurs tant qu’Uber ne se soumettra pas à la loi en vigueur. DR

    Salvatore Perez, président du SCCIT, et Cédric Bouchard, directeur de Taxiphone, ne feront plus contrôler leurs tachygraphes, lecteurs de disques et autres compteurs tant qu’Uber ne se soumettra pas à la loi en vigueur. DR

La guerre des taxis entre le mastodonte californien Uber et les officiels genevois passe à la vitesse supérieure. Salvador Perez, président de la Société coopérative de concessionnaires indépendants de taxis (SCCIT), annonce la couleur: «les milieux professionnels appellent à la désobéissance civile si d’ici Pâques, Uber ne se sera pas mis en conformité avec la loi cantonale sur les taxis en demandant son autorisation de centrale, comme stipulé dans le dernier arrêt du Tribunal fédéral.» Cela signifie que les taxis indépendants refuseront désormais de se plier aux réglementations et aux visites annuelles exigées par la loi genevoise sur les taxis.

Loi des taxis transgressée

«Fini d’aller faire contrôler nos tachygraphes, les lecteurs de disque, nos compteurs. On stoppe tout tant qu’Uber ne se soumet pas à la loi en vigueur.» Salvador Perez est remonté: «Cela fait 17 mois que la société Uber travaille à Genève sans autorisation formelle. Il y a donc bel et bien concurrence déloyale! Nous ne voyons pas pourquoi nous devrions nous soumettre à la loi sur le repos et le temps de travail si Uber y échappe. Raison pour laquelle nous n’irons plus passer la visite annuelle au Service cantonal de véhicules, visite obligatoire qui figure dans la loi sur les taxis, permettant de garantir la fiabilité des véhicules destinés au transport professionnel de personnes.»

Grèves inutiles

Après avoir bloqué la circulation en roulant au pas au centre-ville, refusé de prendre des clients à l’aéroport de Cointrin, déposé plainte auprès du procureur général pour concurrence déloyale, mais aussi contre les chauffeurs qui travaillent au noir, les taxis officiels genevois attaquent maintenant frontalement l’Etat.

Loi sur le travail violée?

Pour sa part, Cédric Bouchard, directeur de Taxiphone, s’étonne aussi qu’Uber ne semble pas respecter les obligations de la loi sur le travail alors que n’importe quel professionnel du transport doit s’y plier: «Pourquoi les chauffeurs d’Uber travaillent-ils sans fournir d’extrait du casier judiciaire? Pourquoi ne paient-ils pas tous leurs impôts à Genève? Pourquoi n’ont-ils pas d’attestation de la caisse de compensation, alors qu’on le demande aux indépendants pour l’AVS? Pourquoi leur employeur ne s’acquitte-t-il pas de la TVA?» Et les chauffeurs de taxis indépendants d’ironiser: «Si l’Etat nous sanctionne pour notre désobéissance civile, eh bien Uber devrait l’être aussi…»