Signalisation: 175 carrefours à feux dans le rouge!

SÉCURITÉ ROUTIÈRE • Près de la moitié des feux de signalisation sont obsolètes. Il manque 50 millions pour les rénover et créer une centrale régionale du trafic.

  • Le CASTOR, Centre autoroutier de surveillance du trafic et de gestion opérationnelle des routes nationales. PASCAL BITZ

    Le CASTOR, Centre autoroutier de surveillance du trafic et de gestion opérationnelle des routes nationales. PASCAL BITZ

«Au boulevard des Tranchées, le feu au carrefour avec la route de Florissant met en danger les piétons car il reste longtemps au rouge.…»

Jean-Luc Bourget, directeur à la Direction de la signalisation du marquage au DETA.

Les feux de signalisation sont dans le rouge à Genève! Sur les 454 feux carrefour équipant le canton, 175 sont obsolètes, inadaptés, voire foutus. Le Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture (DETA) avertit de l’urgence de renouveler les feux carrefours afin de respecter la sécurité routière et d’améliorer la fluidité du trafic.

Feux malades ou mourants

Que se passe-t-il pour que soudainement le DETA tire la sonnette d’alarme? «Il est aujourd’hui impossible de reprogrammer ceux âgés de 60 ans car le fabricant a disparu, détaille Jean-Luc Bourget, directeur de la signalisation des marquages au DETA. Quant aux feux âgés de 40 ans, les pièces de rechanges ne sont plus disponibles sur le marché, donc impossible aussi de les entretenir. Mais ce n’est pas tout. Une série de feux vieille de 25 ans n’intègre pour sa part pas les aspects sécuritaires et législatifs. Et pour couronner le tout, la seconde série âgée également de 25 ans ne trouvera pour sa part plus de pièces de rechanges d’ici 5 ans.»

Aïe, aïe, aïe! Nos carrefours à feux sont gravement malades, il devient donc urgent, pour plus de sécurité mais aussi plus de fluidité, de les rénover rapidement.

Conséquences sécuritaires

«Les conséquences de ces obsolescences peuvent être très graves», diagnostique encore Jean-Luc Bourget. Un exemple? «Un des carrefours à feux les plus dangereux, est celui du boulevard des Tranchées, route de Florissant, poursuit-il. Ce carrefour comprend de longues traversées piétonnes qui seraient dangereuses pour les piétons en cas de non-présences de feux de signalisation.» Autre exemple, lors de signalisation défectueuse près d’une école: «Dans ces cas de figure, les automobilistes ne cédent pas la priorité aux enfants qui souhaitaient emprunter le passage pour piétons…», regrette-t-il.

Fluidification impossible

Autre souci qui a son importance: la coordination des ondes vertes et d’autres mesures, permettant de fluidifier le trafic, est devenue un vrai casse-tête: «Nous avons déployé de grands efforts pour fluidifier de très longs axes comme sur la route de Chancy et de Vernier en 2015, poursuit Jean-Luc Bourget. Les 40% des autres carrefours à feux étant obsolètes, notre marge de manœuvre est aujourd’hui quasi inexistante.»

50 millions la rénovation

Le DETA et le Département de la sécurité (DSE) soumettront cet automne un projet de loi de financement au Grand Conseil. En deux mots, il demande un déblocage de 50 millions de francs pour la rénovation de la signalisation et la régulation lumineuse aux carrefours. «Le projet intégrerait aussi une centrale régionale de gestion du trafic qui orchestrerait les feux, par fibre optique ou réseau de téléphonie mobile, comme le font les grandes villes notamment à Londres, Madrid, ou Milan, pour les adapter aux heures de pointes ou en cas d’accident», conclut encore Jean-Luc Bourget.

A noter que dans le canton de Vaud, un centre régional de trafic similaire, reliant les feux de Lausanne à Morges, attend aussi un déblocage de financement.