Bodrum, Saint-Tropez égéen

Le tourisme turc vise un nouvel élan, au-delà des seuls plaisirs balnéaires.On embarque pour Bodrum.

  • Les origines du château Saint-Pierre remontent au XVe siècle.

    Les origines du château Saint-Pierre remontent au XVe siècle.

  • Les goélettes de Bodrum mesurent 20 et 30 mètres et comprennent 4 à 8 cabines doubles.

  • Les spécialités turques régalent les papilles.

  • Une campagne sauvage à deux pas de la ville.

Uniformisation oblige, le nom du pays doit désormais être identique dans la plupart des langues. Telle est la volonté du gouvernement. «Turkish Airlines» devrait même être rebaptisée «Türk Havayollari», sans considération pour la force d’une marque souvent plébiscitée par les professionnels du transport aérien.

Moins surprenant est le positionnement en matière de développement touristique. Les nouvelles orientations mettent l’accent sur la culture ou l’écologie, une tendance qui inclut aussi le luxe dans une région souvent assimilée aux seules offres forfaitaires (all inclusive) d’entrée de gamme.

Bronzage et navigation

Bodrum n’est pas Antalya. Devenue coqueluche de la bourgeoisie d’Istanbul et des Russes fortunés friands de belles villas à louer, la cité portuaire se voit désormais qualifiée de Saint-Tropez égéen. Forte d’un peu moins de 90’000 habitants, sa population estivale frôle parfois le demi-million.

Bien sûr, à Bodrum, on peut lézarder sur la plage ou dans des criques aux couleurs caribéennes. Mais le port trahit une autre activité, plus que florissante: les mini-croisières à bord de goélettes dont le voisin chantier naval s’est fait une réputation mondiale. Plus poétiques que les yachts clinquants de Cannes ou Monaco, ces bateaux font la part belle aux bois précieux laqués. Ils offrent souvent en prime une goûteuse cuisine locale. Qu’on embarque pour un jour ou davantage, on s’y sent à mille miles des paquebots légitimement critiqués pour leur gigantisme.

Shopping et culture

A terre, les loisirs se partagent entre magasinage et expositions archéologiques. Sans pousser jusqu’aux splendeurs de la proche Ephèse, on trouve au château Saint-Pierre – récemment restauré – à la fois un superbe point de vue sur la baie de Bodrum et un musée intelligemment concentré sur quelques pièces emblématiques des anciennes civilisations implantées dans la région, ou ayant transité par ces contrées.

Quant aux rues de la bourgade, elles offrent pléthore de boutiques à fringues ou à souvenirs, bars et autres lieux de divertissement diurne ou nocturne. Les instagrammeurs se régalent d’une photogénique architecture blanche à laquelle les risques telluriques imposent de ne pas dépasser deux étages. Cette humilité fait oublier aux Stambouliotes leur écrasante forêt de tours locatives.

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Agritourisme turc

BP • On peut aussi découvrir dans les environs toute la richesse d’un terroir tourné vers la permaculture et un écotourisme vivace. Proches de l’aéroport, les vignes de Karnas forment un domaine bucolique ouvert aux plaisirs de la dégustation: vins de qualité supérieure et excellents produits du terroir. Un menu raffiné y est proposé, composé d’une mise en bouche, d’une entrée chaude et d’un plat principal associé aux crus. Le dessert s’accompagne d’un limoncello maison.

A 50 minutes de la ville, la ferme de Barbaros réunit un vaste jardin en permaculture, une production florale et un potager biologique où rien ne se perd. Respectueuse de l’environnement, cette agriculture écologique écarte tout traitement chimique. On découvre comment des produits secs de saison sont obtenus à partir de primeurs fraîchement récoltés. On savoure également sur place des délices gastronomiques tirant profit de la production du site.

Vol direct ou transit par Istanbul

Y aller
Difficile d’éviter l’avion pour gagner Bodrum, soit en vol direct (plutôt rare et saisonnier), soit en transitant par Istanbul. Pour compenser son empreinte Co2: www.naturelabworld.com/fr/calcul-empreinte-ecologique

Séjourner
L’hébergement est généralement plus onéreux que dans d’autres villes de la côte. Il est recommandé de réserver en pleine saison estivale. Les mois de juin et octobre sont considérés comme les plus agréables.

Manger
La ville ne manque pas de bonnes tables abordables, surtout si l’on évite les établissements situés le long du port.

Visiter
Le château Saint-Pierre et son musée archéologique sont ouverts tous les jours (sauf le lundi, d’octobre à mi-avril).

Acheter
Se méfier des contrefaçons.

Plonger
Des agences proposent des sorties à la journée, incluant le matériel complet, deux plongées et un pique-nique.

Lire
Histoire des Turcs. Deux mille ans, du Pacifique à la Méditerranée, de Jean-Paul Roux (Ed. Fayard)