Cette semaine au cinéma

«Spencer»

BIOPIC • Avouons-le: les fêtes de Noël en famille, c’est souvent insupportable. On doit faire semblant d’être heureux de voir des gens qu’on n’a pas envie de voir, de se plier à des traditions hors d’âge, de faire bonne figure coûte que coûte. Alors imaginons quand il s’agit de la famille royale!

Dans la lignée du sublime Jackie, le cinéaste Pablo Larrain nous dépeint le portrait de Diana Spencer, broyée par tout le poids du décorum monarchique et de l’archaïsme qui régit la Couronne d’Angleterre.

La jeune Spencer supporte mal de feindre le bonheur alors que le Prince Charles la trompe éhontément avec Camilla. Elle étouffe sous le poids des apparences, la pression sociale due à son rang et l’omnipotence affichée de son époux et de sa belle-mère. Tout est régi, calculé, mesuré, pensé pour elle, des nombreuses tenues qu’elle doit porter à différentes heures de la journée à son poids minutieusement contrôlé.

La mise en scène est virtuose, et Pablo Larrain raconte les errances et les velléités de fuite de son personnage avec la grâce d’un ballet à la fois tragique et aérien. Kristen Stewart est éblouissante dans la peau de cette Lady Di qui flanche et rêve de s’échapper, ne trouvant qu’un seul réconfort dans cette machine à broyer: ses enfants William et Harry.

 

«Nos âmes d'enfant»

DRAME • Un journaliste radio parcourt les Etats-Unis pour interroger la jeunesse américaine sur sa vision du futur, ses craintes et ses espérances, quand un drame familial vient perturber son travail. Il se retrouve alors à devoir s’occuper de son neveu, un jeune garçon de 10 ans spontané et lunaire, qui va bouleverser sa perception des choses.

Dans un noir et blanc très apaisant, le réalisateur Mike Mills nous emmène à la découverte des rapports adultes-enfants, bien plus complexes qu’ils n’y paraissent. Par leur façon inédite de voir la vie, les enfants nous amènent continuellement à nous remettre en question, à envisager le monde autrement, sous d’autres perspectives.

Tendre et poétique, voici un film qui s’écoute littéralement (le héros est journaliste radio et on entend bon nombre de ses enregistrements) et déroule une jolie philosophie de vie sans idéalisme ni angélisme, tout en explorant avec pertinence la complexité des relations entre ces deux âges: tandis que l’enfant vit chaque instant pour ce qu’il est, l’adulte est toujours projeté dans une vision du futur ou du passé. Dès lors, comment cohabiter?

Ode à la liberté et à la spontanéité d’une enfance qui se perd vite, C’Mon C’Mon - Nos âmes d’enfants offre un beau personnage à Joaquin Phœnix, solitaire et empathique, et nous révèle le formidable jeune acteur Woody Norman.