CFF: une agression tous les deux à trois jours

  • Les employés de la régie fédérale constatent un changement majeur: les actes délictueux sont de plus en plus perpétrés en plein jour.
  • Du côté des déprédations, les dommages causés se chiffrent à 3 millions de francs par an.
  • Les CFF mettent tout en œuvre pour lutter contre ces incivilités qui inquiètent les voyageurs. Notre dossier.

  • La police des transports patrouille très régulièrement dans les gares et les trains. STéPHANE CHOLLET

    La police des transports patrouille très régulièrement dans les gares et les trains. STÉPHANE CHOLLET

«En cas d’agression du personnel, une plainte est automatiquement déposée»

Frédéric Revaz, porte-parole des CFF

Les insultes proférées à l’encontre du personnel navigant des CFF sont devenues très fréquentes, révèle un contrôleur. Cet employé, qui travaille pour la régie fédérale depuis dix ans, constate que la délinquance dans les trains a pris un nouveau tournant. «Autrefois, les agressions survenaient dans les déplacements de nuit ou le week-end. Aujourd’hui, ces délits se produisent à toute heure du jour et en semaine ainsi que sur l’ensemble des lignes», observe-t-il.

Le profil des délinquants a aussi changé. «Les délits ne sont plus seulement le fait de personnes prises de boisson ou agissant sous l’effet de stupéfiants, mais relèvent de voyageurs simplement irrespectueux ou violents», affirme encore ce contrôleur.

Côté statistiques, Frédéric Revaz, porte-parole des CFF, avance le chiffre moyen d’une «agression tous les deux à trois jours». Une tendance qu’il dit être restée stable. Les CFF ont en effet élaboré un véritable train de mesures pour lutter contre cette triste tendance. «Tout d’abord, le personnel est formé à la gestion des conflits afin d’endiguer toute escalade de la violence. Ensuite en cas d’agression, une plainte est automatiquement déposée et nos employés disposent du soutien psychologique de leurs pairs formés à cet exercice.»

Soutien psychologique

Dans les cas plus graves, c’est-à-dire lorsque l’employé est victime de violence physique, des psychologues, mandatés par les CFF, interviennent auprès du collaborateur et assurent une prise en charge de plusieurs semaines.

C’est ce qui est arrivé au début de ce mois sur la ligne Lausanne-Genève, aux alentours de 17h: «J’avais pris un surclassement en première classe pour pouvoir travailler tranquillement, se souvient Martine*. Quand le contrôleur est arrivé, l’homme situé dans le compartiment derrière moi a commencé à devenir très agressif. Il ne voulait pas mettre son masque et n’avait pas de titre de transport. Rapidement, il a pété un plomb et a tabassé le pauvre contrôleur. Cet épisode était très violent, je m’en souviendrai pendant longtemps.»

Autre phénomène lié au comportement irrespectueux de certains voyageurs, la grande régie doit faire face à de nombreux cas de vandalisme, sans toutefois livrer de statistiques sur la nature des déprédations. Chaque année, les dommages causés se chiffrent à 3 millions de francs.

Renfort de la police locale

Pour renforcer la sécurité dans les trains, des patrouilles sont très régulièrement effectuées par la police des transports sur l’ensemble du réseau. Les unités de police locale sont aussi souvent sollicitées en renfort. Sans compter que depuis près de dix ans, les CFF ont mis en place des cercles de sécurité. De quoi s’agit-il? «Tous les mois, les représentants des forces de l’ordre et ceux du personnel évaluent la situation sécuritaire afin d’adapter le dispositif en fonction des risques», explique encore Frédéric Revaz.

Vidéosurveillance

Mais ce n’est pas tout. Toutes les gares du pays, la totalité des trains régionaux et la majorité des trains des grandes lignes sont dotées de vidéosurveillance.

Les CFF montrent leur volonté de donner un coup de frein aux incivilités et agressions qui péjorent ou menacent la tranquillité des voyageurs et des collaborateurs. Si le défi est de taille, la régie assure cependant tout mettre en œuvre pour y faire face.

* prénom d’emprunt, identité connue de la rédaction

Qu’en pensez-vous?

Vous sentez-vous en sécurité dans les gares et les trains genevois?

Daniel, cheminot: «Jusqu’à maintenant, heureusement, je n’ai jamais vu de danger. Mais il faut toujours être sur le qui-vive, notamment face aux vols.»

Nadia, assistante médicale: «A Zürich, on me dit qu’il faut avoir peur  à Genève. Mais je n’ai jamais eu de problème, même la nuit quand je passe par Cornavin.»

Arsène, retraité: «La journée, aucun souci. Mais avec ce qu’on entend, venir à la gare le soir est devenu une crainte.»

Sandra, étudiante: «Dans le train, je me sens en sécurité. C’est plutôt dans les trams genevois que je ne suis pas tranquille. J’ai déjà vu des personnes agressives!»


150 plaintes déposées en 2020

En 2020, 150 plaintes ont été déposées par les CFF pour des faits d’agression. Chaque jour, 10’000 trains ont circulé en Suisse, transportant quotidiennement quelque 843’000 personnes en moyenne, soit 41% de moins que les chiffres de 2019. Une baisse qui résulte de la pandémie et des mesures de confinement.