Chaque centime de l’Etat doit être pesé!

DéPENSES PUBLIQUES • Nous proclamons la nécessité d’un Etat, parce que sinon, c’est la jungle. Mais de toutes nos énergies, nous rejetons l’Etat tentaculaire, et onéreux, que Genève veut nous imposer.

  • L’Etat coûte beaucoup trop cher aux contribuables genevois. 123RF

    L’Etat coûte beaucoup trop cher aux contribuables genevois. 123RF

A Genève, l’Etat nous coûte beaucoup trop cher. A qui? Mais à nous, pardi! Nous, les contribuables. Nous, qui ne faisons pas partie des quelque 36% de gens qui ne paient pas d’impôts, ceux qui touchent subventions et assistance. Nous, les classes moyennes, ployant sous le fardeau de la pression fiscale. Nous, les actifs de ce canton, qui nous levons pour aller bosser, méritons l’argent que nous gagnons. Nous qui trimons, sacrifions une grande partie de nos vies à nos boulots. Au prix, parfois et même plutôt souvent, de nos santés.

Indépendants paranos

Nous, jamais calmes, perpétuellement inquiets, angoissés. Jamais sereins! Jamais à profiter de la beauté de cette ville, Genève, de la brièveté de la vie, de la splendeur muette du monde. Nous ne sommes pas des tranquilles. Nous sommes des besogneux, des laborieux, des rongés de l’intérieur. Des paranos! «Que va-t-il encore m’arriver, quelle nouvelle taxe, quel obstacle à mon activité professionnelle, quelle saloperie du destin?» C’est ça, bosser. C’est ça, notamment, être indépendant. Nous aimons nos boulots, et même passionnément, mais nous payons le prix fort pour ce choix de l’ardeur et de l’engagement.

Alors oui, quand nous regardons certaines dépenses de la fonction publique, nous sommes saisis d’écœurement. Nous ne nions en aucun cas la nécessité d’un Etat. Nous nous battons même pour cela depuis nos enfances, parce que nous savons que l’absence d’Etat, c’est la jungle. Donc, la loi du plus fort. Nous détestons le mouvement ultra-libéral de ces trente dernières années, cette apologie de l’argent facile, spéculé, boursicoté, mondialisé. Sur le dos du Tiers-Monde! En saccageant l’environnement!

Nous haïssons cette ahurissante mode des voyages au bout du monde, Asie, Thaïlande, pour un rien, comme on s’en va danser le samedi, dans une guinguette en bord de Marne. Oui, nous voulons un Etat, c’est le combat de notre vie, le combat radical, le combat républicain, le combat d’un Jean-Pascal Delamuraz (ndlr: conseiller fédéral de 1984 à 1998). Nous voulons un Etat, mais pas celui-là!

Cet argent, c’est le nôtre

A Genève, l’Etat est tentaculaire. Il fait penser à ces divinités carthaginoises, avides à n’en plus finir de tout dévorer, jusqu’au sacrifice des humains. A Genève, la machine se nourrit elle-même, elle entretient sa propre gourmandise. Elle ne sert plus le peuple, elle se sert! En comparaison intercantonale, nous avons à Genève le coût le plus impressionnant, par habitant, de la fonction publique.

Et telle ministre (ndlr: Anne Emery-Torracinta), au Grand Conseil, dans la session qui vient de s’écouler (23 et 24 juin), qui se permet de faire la morale aux députés! De les engueuler! Pourquoi? Parce qu’ils refusent son discours visant à toujours demander des moyens supplémentaires, des moyens, et encore des moyens. Mais cet argent qu’on nous quémande, c’est le nôtre! Celui de nos patrimoines, personnels et familiaux. Alors, il y a un moment où ça suffit. Où le corps des citoyennes et citoyens, en un mot le peuple, doit dire non. Un immense non. Sans appel. Parce que le patron, le seul, c’est lui.