Compagnie de 1602: une histoire de famille

Après deux ans d’absence pour cause de pandémie, l’Escalade reprend du service du 9 au 11 décembre. Dernière ligne droite pour les Fillettaz, véritables piliers du cortège. Dans cette famille, la passion se transmet de génération en génération.

  • Chantal Fillettaz passe en revue sa Marmite et son costume de Mère Royaume. ©STÉPHANE CHOLLET

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«Tout est quasiment prêt. Nous y avons passé beaucoup de temps mais, ça vaut toujours la peine», se réjouissent Chantal et Eric Fillettaz. Madame et monsieur assurent respectivement les rôles de la Mère Royaume et du commandant des arquebusiers au sein de la Compagnie de 1602 depuis plus de 25 ans. Dans son appartement de Chêne-Bougeries, le couple emblématique procède à un ultime contrôle des costumes. Depuis près de trente ans, les deux retraités donnent de leur temps et de leur énergie sans compter pour faire vivre les festivités de l’Escalade à la population. Ils ne sont pas les seuls. Chez les Fillettaz, l’Escalade est une histoire de famille, dans laquelle enfants et même petits-enfants s’impliquent également.

«Après deux ans d’interruption en raison de la pandémie, nous sommes d’autant plus heureux de nous retrouver. Le cortège est vraiment un moment magique. Et puis, il y a tout le reste: les tirs sur la Promenade de la Treille, le vin chaud, les bricelets… C’est une grande chance de pouvoir faire tout cela en famille», se réjouit la Mère Royaume.

Passation de pouvoir

La tribu Fillettaz sera bien représentée: pas moins de cinq de ses membres participent activement à l’organisation de l’événement. A commencer par Didier, le fils du couple, lui aussi arquebusier. Cette année marque pour lui un tournant: à 57 ans, il s’apprête à être nommé commandant à la place de son père. «Il y aura une passation de pouvoir devant la cathédrale avec une cérémonie officielle et la remise de fonction», prévient le patriarche, fier de voir que la génération suivante s’est attachée, elle aussi, à ces traditions.

Pour l’aider dans ses différentes tâches, Didier peut également compter sur sa femme, Marika, qui partage la passion de son mari. «Ces tâches demandent du temps. S’il a fait le choix de prendre ce rôle important, c’est que notre fils a toujours été passionné», témoignent d’une seule voix ses parents.

Une passion exigeante

Une passion certes mais aussi un engagement exigeant. Tel est le prix pour appartenir à la Compagnie, dont la vocation reste avant tout historique. «Nous ne sommes pas seulement là pour nous amuser. Je dis souvent aux jeunes qui nous rejoignent qu’il faut pouvoir renoncer à l’intégralité de son week-end pour participer. Ça ne sied pas à tout le monde», observe Eric Fillettaz. En sus du week-end, plusieurs fois par mois, le septuagénaire et ses compagnons se réunissent à l’arsenal pour l’entretien des arquebuses. «Ce sont des répliques anciennes. Il faut être particulièrement vigilant pour qu’elles fonctionnent le jour-J.», détaille le commandant, féru d’Histoire et de Genève.

Pas de quoi décourager la nouvelle génération pour autant. D’après Eric Fillettaz, les enfants seraient toujours aussi nombreux à rejoindre le cortège, qui compte 850 membres. «Cette manifestation permet une vraie transmission aux plus jeunes, qui participent souvent comme porteurs de torche avant de rejoindre d’autres fonctions. La relève est assurée», salue-t-il.

Bien entendu, la famille Fillettaz ne fait pas exception. Agé de 29 ans, le petit-fils de Chantal et Eric, Mathieu, a également rejoint la Compagnie et prend part à la fête. «Depuis son plus jeune âge, il a toujours montré beaucoup d’intérêt pour cet univers. Il a même appris la plupart des chants par cœur alors qu’il n’était encore qu’un gamin. Aujourd’hui, il fait partie de l’aventure!», raconte tout sourire la (grand) Mère Royaume.

Seule ombre au tableau? La météo, qui pourrait perturber le déroulé des festivités, par exemple en cas de pluie. Mais pas de quoi gêner nos deux figures historiques, habituées à ces aléas. «C’est vrai que c’est dommage quand il pleut. Nous ne pouvons par exemple plus effectuer nos tirs si la poudre est mouillée. Mais quoi qu’il arrive, le cortège aura lieu, c’est l’essentiel!», rassure Eric Fillettaz.

Fête de l’Escalade: les à-côtés

TR • En marge des festivités du week-end, la Compagnie de 1602 œuvre également à faire connaître cet événement historique de la ville. Notamment lors de sa traditionnelle tournée des Etablissements médico-sociaux (EMS). A cette occasion, des membres liront, samedi 3 décembre, la Proclamation de 1602 aux résidents, en présence de la Mère Royaume. «C’est un événement toujours très apprécié par les résidents qui n’ont plus forcément la chance de pouvoir déambuler en Vieille-Ville», détaille Chantal Fillettaz.

La Compagnie assure également le lien avec les expatriés. Cette année, une délégation se rendra lundi 5 décembre à Palexpo où le Centre d’accueil de la Genève Internationale (CAGI) fera connaître cette histoire et sa tradition.