Dernières tendances: l’air jeune mais naturel

Le botox et l’acide hyaluronique ont le vent en poupe. Et séduisent les femmes de plus en plus jeunes. Si certaines sont influencées par les réseaux sociaux, la majorité des Romandes recherchent un effet naturel. Au niveau législatif et judiciaire, le combat se poursuit pour éviter les pratiques dangereuses et illégales.

  • Si la médecine et la chirurgie esthétiques se sont démocratisées, ce ne sont pas des actes anodins.

    Si la médecine et la chirurgie esthétiques se sont démocratisées, ce ne sont pas des actes anodins.

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Botox et acide hyaluronique cartonnent. Les injections sont en tête du palmarès des soins de médecine et chirurgie esthétiques. Kristen*, 45 printemps, est une adepte, et ce, depuis cinq ans. Pourquoi avoir commencé aussi tôt? «J’avais l’impression d’avoir l’air fatigué, explique-t-elle. J’apprécie de vieillir. Je veux juste que cela se fasse en douceur. Je fais des injections pour redonner un coup de jeune et de vitalité à mon visage. Ça reste toujours très discret. Au point qu’au travail, mes collègues ne le remarquent pas. On me dit juste que j’ai une belle peau et que je ne fais pas mon âge.»

Elle n’est pas la seule à avoir recours à la médecine esthétique dans ce double but: avoir l’air plus jeune tout en gardant un effet naturel. Aux dires des trois spécialistes que nous avons interviewés, la grande majorité de leurs patientes romandes sont dans ce cas. Et commencent les soins esthétiques de plus en plus jeunes.

A titre préventif

«La moitié de notre patientèle a moins de 40 ans, souligne Bénédicte Cellier, responsable de la Clinique du lac à Genève. Il ne s’agit pas alors de combler des rides trop présentes mais d’agir à titre préventif contre le vieillissement de la peau.» Tel est l’objectif du baby botox et du minilifting.

Un constat que partage Rachel Polla, directrice de Forever Institut (à Genève) et Forever Boutique (à Lausanne et Nyon). «Depuis 5 ans, la clientèle a rajeuni. L’idée est d’intervenir plus jeune afin d’éviter des interventions plus lourdes.»

Environ 4500 clients franchissent le seuil de l’institut genevois chaque année (près de 7000 en comptant les boutiques vaudoises). «40% de notre chiffre d’affaires est lié aux injections: skinbooster, PRP, botox et acide hyaluronique. Et 40% au laser: détatouage, taches, couperose et épilation.»

Moins de recours au bistouri

Les méthodes opératoires ont aussi évolué. Bénédicte Cellier explique: «Par exemple pour la rhinoplastie, on ne casse plus le nez. Le chirurgien va plutôt remodeler en conservant les cartilages et en traumatisant moins les tissus. Grâce à cette méthode, on corrige la bosse mais on ne change pas les traits de la personne.»

Autre technique plus «naturelle»: le lipofilling, qui consiste à retirer la graisse d’une zone du corps pour la réinjecter ailleurs. «On privilégie cette méthode plutôt que les implants mammaires chez les femmes qui veulent se faire refaire les seins. C’est plus naturel au toucher et il y a moins de risque de rejet», indique Bénédicte Cellier.

Le docteur Badwi Elias, chirurgien plasticien et esthétique qui officie à Genève et dans le canton de Vaud, confirme qu’«aujourd’hui, on n’a plus autant recours au bistouri qu’avant. La palette est large. Les injections sont le traitement le plus populaire. Les patientes veulent rajeunir sans que cela se voie et souhaitent éviter autant que possible les bleus, synonyme d’éviction sociale temporaire», résume-t-il.

A noter que les hommes, même s’ils demeurent minoritaires, ne sont pas en reste. A la Clinique du lac, selon la responsable: «la moitié des demandes masculines concernent les cheveux et l’autre moitié de la pénoplastie», qui consiste à augmenter le volume du pénis (par injection de graisse) ou sa longueur.

Paupières, nez et «jawline»

Côté chirurgie, la blépharoplastie (sur les paupières) est l’intervention la plus fréquente. «Tandis que chez les 18 - 25 ans, c’est la rhinoplastie, soit le nez», précise le docteur Badwi Elias. Même si la chirurgie mammaire et la liposuccion sont encore très demandées, «on est dans un pays où le visage est plus important que le corps», poursuit Rachel Polla.

Parmi les nouveautés apparues ces dernières années, la directrice cite le soin porté à la jawline, l’angle mandibulaire. «On constate ici l’influence du selfie. Quand on tend son téléphone pour se prendre en photo, cette ligne est particulièrement visible», explique la directrice.

Si l’impact de la société de l’image est tangible, il demeure limité en Suisse romande. Bénédicte Cellier estime que moins de 5% des clientes sont influencées par les réseaux sociaux. La dernière tendance en vogue aux Etats-Unis, le «buccal fat removal», consistant à retirer de la graisse des joues pour affiner le bas du visage, n’a pas ou peu fait d’émules ici.

Même son de cloche à Forever Institut: «On a peu de demandes de grosses lèvres ou de fesses XXL. Peut-être aussi parce que cela fait 25 ans que l’on prône la beauté naturelle. Ces clientes ne viennent donc pas chez nous», stipule Rachel Polla.

«Malheureusement, cela peut arriver que certaines jeunes femmes demandent à ressembler aux filtres de snapchat, poursuit Badwi Elias. Notre rôle consiste alors à leur faire comprendre que ce n’est ni réaliste, ni souhaitable.»

D’autant que, comme le rappellent nos trois interlocuteurs, la médecine et la chirurgie esthétiques se sont certes démocratisées mais ne sont pas pour autant devenues des actes anodins. Comme le souligne Rachel Polla: «Démystifier ne signifie pas banaliser.» Gare notamment aux actes proposés par des esthéticiennes. Sur ce point, des discussions sont en cours en ce début d’année, à Berne afin d’étudier la possibilité de réserver les injections d’acide hyaluronique et de botox aux médecins.

*Nom connu de la rédaction