Et si cet été vous lisiez un Romand!

Les vacances ont enfin commencé! L'occasion de se plonger dans des lectures captivantes. Au bord du lac, sur les berges du Rhône, à la montagne ou sur un atoll du Pacifique, on s'offre une parenthèse rien qu'à soi. Découvrez notre sélection d'ouvrages écrits par des auteurs romands.

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Les histoires d’amour finissent mal …

Mais que fait-il allongé dans l’obscurité, les poignets entravés? Député au Grand Conseil de Genève et avocat, Adam Morand voit soudain apparaître une femme masquée à la voix métallique. Que lui veut-elle? Il ne comprend pas pourquoi elle se prétend autant victime que lui prisonnier de cet endroit humide. Ces assertions lui semblent étranges. Se peut-il qu’ils se connaissent finalement? Comment le savoir? Il a presque totalement perdu la mémoire. Une enquête est ouverte sur la disparition du ténor du barreau. Elle est confiée à Clara Weber qui découvre qu’Adam Morand prise les sites de rencontres. Un drôle d’endroit pour des rencontres d’ailleurs car dans ces amours qui naissent et se cultivent dans un espace virtuel, la manipulation et les pièges de la séduction règnent en maîtres. Cet ouvrage à suspense raconte aussi les splendeurs et misères de quatre femmes en «web quête» de leur moitié. Un Match Parfait parle aussi de la solitude qui pousse les uns et les autres à trouver l’âme soeur à tout prix.
«Un match parfait», www.editionsfavre.com

 

Un pont entre les mondes

Elisa Shua Dusapin est d’ici et d’ailleurs. Elle a vécu à Paris, Séoul et Porrentruy. Née d’un père français et d’une mère sud-coréenne, elle est imprégnée de plusieurs cultures qu’elle aime à relier. Dans Hiver à Sokcho, elle parle de la rencontre entre un auteur de bandes dessinées normand et une jeune Franco- Coréenne qui ne connaît pas la France. Un lien se tisse entre les deux personnages issus de mondes différents. Chacun essaie de faire un pas vers l’autre. Il y a le froid qui suspend le temps, il y a des incompréhensions aussi entre cet homme et cette femme. Les décors finement ciselés par l’auteure emportent le lecteur dans un univers inédit et d’une incroyable force. Elisa Shua Dusapin dit qu’elle voulait explorer les frontières, celle qui forme la géographie du monde, celle qui édifie un barrage linguistique, celle encore qui trace les contours politiques des continents. La jeune auteure a reçu un prix pour la traduction internationale de son roman.
«Hiver à Sokcho», www.editionszoe.ch

Un rêve d’Eldorado

Quelque chose dans cet ouvrage ressemble au réalisme qui parcourt l’oeuvre de Zola. Il y a ces existences de labeur sous des cieux sans couleur au bord d’une mer qui a perdu ses vertus nourricières. L’industrialisation du monde a, il est vrai, dynamité la nature autrefois porteuse de tant de trésors. Et au milieu de cette désespérance, il y a Minot qui rêve d’une autre vie, loin de ce monde-là bien trop petit. Ce qu’il veut lui c’est offrir un nouveau décor à sa mère Marcelle qui ne parvient guère à joindre les deux bouts. Maeva Christelle Dubois a grandi sur les bords du Léman, titulaire d’un Master obtenu à l’Université de Genève, la jeune femme livre avec Miseria un roman tendre et poignant. On se prend à espérer avec le héros de cet ouvrage à la si belle facture.
«Miseria», www.editions-romann.ch

Un moment d’envoûtement

Dans quelle cité entourée d’eau se trouve le héraut de Dans la ville provisoire? Est-il à Venise où l’auteur a séjourné lorsqu’il était étudiant? Peut-être, il n’empêche que le décor ajoute au mystère de cette histoire qui tient le lecteur en haleine comme cette petite musique qui caractérise les films à suspense. Dans ce récit, un jeune homme est chargé d’inventorier l’oeuvre d’une célèbre traductrice. Le voilà qui explore non seulement les livres et les carnets mais aussi les effets personnels, l’armoire à pharmacie, l’ordinateur en veille. Cette quête de l’univers intime de l’autre, de ses amours, de son travail, de sa vie en somme est si vive que parfois la traductrice semble réellement présente. Le trouble devient encore plus prégnant avec les marées qui dévorent les rues de la ville. La plume de Bruno Pellegrino, lauréat du prix Bibliomedia qui promeut la littérature de fiction romande, est à la fois fine, subtile et incroyablement délicate.
«Dans la ville provisoire», www.editionszoe.ch

Mais que fait la police?

Si tous les chemins mènent à Rome, celui de Lucien Vuille alias Grün le conduit étonnamment de l’école secondaire lausannoise où il enseigne à la police genevoise. Voilà donc Lucien qui débarque à l’Ecole de police de Carouge pour passer l’examen d’entrée. Il faut franchir le cap de la dictée, celle qui élimine d’emblée les faibles en thème, performer en anglais et faire montre de quelques capacités sportives. Lucien Vuille raconte ainsi sa propre histoire, entre stupeur, tremblements et grande rigueur éthique. Dans ce roman intitulé La Grande Maison - le surnom que les agents donnent à l’hôtel de police - il fait défiler des personnages attachants comme Giro, l’un de ses maîtres de stage, un travailleur acharné et consciencieux. Il y a aussi les lieux si familiers aux Genevois comme le pourtour de l’Usine où les dealers s’adonnent à leur illégal négoce. Il y a cette autre Genève, celle qui oeuvre dans l’ombre rendant la tâche policière protéiforme, singulière et complexe. De quoi permettre aux lecteurs de déambuler dans la Grande maison guidés par l’auteur et d’observer, incrédules, les dessous de la cité.
«La Grande Maison», www.bsnpress.com