Face à face: votations du 18 juin - Loi constitutionnelle "Droit à l'alimentation"

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  • Loi constitutionnelle «Droit à l’alimentation»

    Loi constitutionnelle «Droit à l’alimentation»

  • Votation du 18 juin 2023

    Votation du 18 juin 2023

La qualité pour tous

Léa Winter, co-présidente de FIAN Suisse, pour le droit à l’alimentation

OUI • Au printemps 2020, Genève a connu une crise alimentaire sans précédent. Des milliers de personnes se sont retrouvées, du jour au lendemain, privées de revenus et sans aucune protection sociale. Elles ont dû faire la queue pendant des heures aux Vernets pour recevoir un cornet de nourriture d’une valeur de 20 francs.

Aujourd’hui, si la situation sanitaire s’est améliorée, l’inflation a pris le relais et les budgets des familles sont sous pression.

En 2023, plus de 14'000 personnes reçoivent chaque semaine une aide alimentaire à Genève et les associations caritatives qui s’en occupent sont débordées. La classe moyenne inférieure est en train de basculer dans la précarité et l’alimentation est la seule variable d’ajustement des budgets. Du coup, on mange des produits de moindre qualité et les problèmes de santé explosent, avec des problèmes de malnutrition et de surpoids déjà visibles chez des enfants de moins de 5 ans à Genève.

Cette situation ne peut plus durer, il faut réfléchir à d’autres solutions pour que les personnes retrouvent leur autonomie et que tout le monde ait accès à une alimentation adéquate.

Voter oui au droit à l’alimentation le 18 juin va permettre de créer un socle solide dans notre Constitution pour repenser l’accès de toutes et tous à une alimentation de qualité. Nous voulons mettre autour de la table tous les acteurs concernés par l’alimentation, de la production à la consommation, pour définir ensemble une politique publique de l’alimentation pour Genève.

Une nouvelle imposture

François Baertschi, président du MCG

NON • S’alimenter n’est pas un droit mais une nécessité, une nécessité vitale. C’est la raison pour laquelle le concept de «droit à l’alimentation» est une absurdité. Si nous avons le droit de faire ceci ou n’avons pas le droit de faire cela, se nourrir ne peut pas relever du droit puisque c’est une nécessité vitale.

La multiplication de «droits» de toutes sortes qui est apparue dans la nouvelle Constitution nous amène vers cette dérive où des proclamations et autres envolées verbales abusent les plus naïfs d’entre les Genevois.

Nous avons ainsi, dans notre nouvelle Constitution, un article qui impose un droit au logement. Avec ce droit théorique, qui n’a jamais été appliqué, personne n’a trouvé un appartement et la crise est devenue de plus en plus criante. C’est donc une simple posture, pire une imposture. Cette imposture que nous avons avec le droit au logement, certains voudraient la poursuivre avec un droit à l’alimentation. C’est sur ce droit illusoire que les électeurs devront voter le 18 juin prochain.

Aujourd’hui, nous avons dans la Constitution fédérale l’article 12 qui impose un «Droit d’obtenir de l’aide dans des situations de détresse» autrement plus contraignant et précis. C’est-à-dire qu’une personne n’arrivant pas à subvenir à ses besoins dispose de cette garantie constitutionnelle.

En 2023, il ne faut pas des droits généraux inapplicables. Au contraire, nous devons améliorer concrètement la vie des habitants de notre canton, qui affrontent une sur-concurrence des travailleurs frontaliers, une crise du logement insupportable, un cadre de vie qui se dégrade. Nous devons avoir de bons emplois, de bons salaires. Du concret pour les Genevois et non des concepts fumeux!