FAIRE, PAS ÊTRE!

Nous voulons une femme, avec enfants en bas âge. Nous voulons un homme, alémanique, d’une région périphérique, facteur Rhésus négatif, de souche catholique, mais surtout pas pratiquant. Nous voulons une femme romande, de gauche, végane, sensible au style de Proust et à la musique de Fauré.

Nous voulons un homme, féministe, roulant à vélo, ayant installé lui-même les panneaux solaires sur le toit de sa maison. Nous voulons une femme, bourgeoise, européenne, cultivée, non-fumeuse, pratiquant le ski de fond et la mobilité douce. Nous voulons un homme, centriste mais pas trop, adepte du sauna et des médecines alternatives.

Moi, je veux, au plus haut niveau de notre pays, un homme ou une femme d’Etat. Son parti, ses origines cantonales, ses préférences culinaires ou sexuelles, ne m’intéressent pas. Son rapport à la morale, non plus. Je ne veux pas particulièrement un «homme bien», ni une «femme bien». Je ne demande pas à un décideur politique d’être bon. Ce qu’il est ne m’intéresse pas. Je lui demande de faire. Car la politique est action.

Tout le drame, aujourd’hui, est d’avoir oublié cette dimension philosophiquement existentielle de la politique: une capacité d’action, au service du pays. Qui agit, je m’en fous, c’est l’action elle-même qui m’intéresse. On a oublié cela, et on l’a remplacé par les points de vue et les images de la personnalisation. On nous parle des gens, on les juge avec des critères de petits bourgeois au moment de l’apéro. On oublie juste le pays, ses intérêts vitaux.