Féministes et fières de l’être

  • STÉPHANE CHOLLET

Il y aura les grognons: «A quoi ça sert de se mettre seins nus pour dénoncer les viols?» «Ce langage épicène, c’est vraiment insupportable!» «Et ces insultes à l’encontre du patriarcat, tellement outrancières!» Quoique les ronchons et ronchonnes en disent, le cri des féministes a retenti lundi 14 juin dans la Cité de Calvin. Sans barrière, sans frontière, sans haine des hommes et porté par une puissante énergie intergénérationnelle et intersexe.

Parce que le combat pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes n’est, de loin, pas terminé et concerne tout le monde. Combien de femmes battues, de féminicides encore en 2020? Où en est la précarité menstruelle? Le plaisir féminin doit-il rester tabou? Est-il encore tolérable qu’au XXIe siècle, à poste égal, une femme soit moins bien payée qu’un homme? Que le sexisme et le harcèlement demeurent dans la rue comme au bureau?

Malgré l’évidence de ces multiples combats, nombre de femmes et d’hommes peinent aujourd’hui à se revendiquer comme féministe. Au siècle dernier, Rebecca West, femme de lettres britannique disait: «Je n’ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c’est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson.»

A Genève comme ailleurs en Suisse, lundi, des milliers de femmes (accompagnées de nombreux hommes) ont, à l’unisson, refusé d’être des paillassons. Et quoiqu’en disent les grognons, cette vague violette emplie de joie et de solidarité, a l’immense mérite de donner de la voix et de montrer la voie.