Batteries: une réputation à contre-courant

Trop longues à charger, trop chères, gourmandes en denrées rares: les voitures électriques véhiculent des idées fausses. Une mise au point s'impose.

  • Le soubassement du châssis d’une e-tron d’Audi est tapissé par les batteries. PHOTOS DR

    Le soubassement du châssis d’une e-tron d’Audi est tapissé par les batteries. DR

  • Volvo, comme d’autres, insiste sur les hybrides rechargeables.

    Volvo, comme d’autres, insiste sur les hybrides rechargeables. DR

  • La Bentley Bentayga hybrid est équipée d’une batterie de 200 kg, pour 39 km d’autonomie.

    La Bentley Bentayga hybrid est équipée d’une batterie de 200 kg, pour 39 km d’autonomie. DR

  • La compétition dans les SUV de luxe a commencé avec le Jaguar i-Pace, puis avec l’Audi e-tron.

    La compétition dans les SUV de luxe a commencé avec le Jaguar i-Pace, puis avec l’Audi e-tron. DR

Plusieurs constructeurs, de même que le Touring club suisse (TCS), veulent gommer les légendes autour des voitures électriques. D’abord, les nuisances. Non, les matériaux rares ne vont pas manquer. Le lithium est abondant, suffisant pour des milliards de véhicules, même si nous en sommes loin. Le cobalt, les ingénieurs s’en occupent. Il devrait disparaître de la composition dans quelques années et se recycle.

A ce propos, les constructeurs, à l’image d’Audi, garantissent les batteries huit ans ou 160’000 km. Ensuite? Elles vont durer bien plus longtemps dans l’auto si leur capacité reste acceptable ou comme accumulateur servant à stabiliser un réseau. Trois conteneurs avec d’anciennes batteries ont ainsi été utilisés au dernier Forum de Davos, avec une capacité de 1,14 mégawattheure.

Si néanmoins il faut recycler les matériaux, Audi et Unicore ont développé un concept de recyclage qui interviendrait après cette seconde, et longue, vie.

Le bilan CO2

On a tendance à dire que la voiture électrique est vorace en CO2 pour sa production. Il faut savoir que des constructeurs font de réels progrès. L’usine d’Audi pour la e-tron est la première neutre en dioxyde de carbone, grâce à l’énergie de ses panneaux solaires et autre courant renouvelable pour 95%; les 5% restants sont compensés dans des projets écologiques. Ensuite, pour les carburants fossiles, on tient compte de leur émission dans l’auto sans inclure la production, qui demande par exemple près de sept kilowattheures pour un seul litre de diesel.

Autonomie, prix et risque d’incendie

La recharge fait aussi l’objet d’idées erronées. D’abord, l’autonomie ne cesse de progresser. Pour un usage quotidien, peu d’automobilistes dépassent les 50 km. Avoir une prise à la maison ou au bureau suffit amplement. Pour des trajets plus importants, le nombre de bornes croît de manière exponentielle. Le réseau Ionity se répand en Europe et des prestataires comme Greenmotion sont très actifs, y compris dans le courant fort. Au maximum de performance, il suffit de trente minutes pour emmagasiner 80% de capacité, dix minutes pour une centaine de kilomètres.

Le prix: celui des batteries a baissé de 80% en dix ans. Le kilomètre électrique est moins cher que celui à l’essence ou au diesel. L’entretien d’une voiture électrique coûte le tiers de celui d’une thermique. Un calcul à pondérer à l’achat. L’ID3 de VW a été prévue pour être vendue au même prix qu’une Golf diesel.

Quant aux incendies, les pompiers sont formés. Selon Tesla, les voitures thermiques ont onze fois plus de chances de prendre feu que celles électriques.