Bourse: des géants aux pieds d’argile

Quand l’économie tourne à plein régime, les actionnaires gagnent de l’argent. Quand elle s’effondre à cause d’une pandémie, les actionnaires gagnent de l’argent. Magique non? Ce tour de passe-passe s’explique notamment par le soutien massif de la banque centrale des Etats-Unis qui supporte à bouts de bras les géants du S&P 500, les 500 plus grandes sociétés cotées sur les bourses américaines. Au final, les cours se retrouvent ainsi artificiellement gonflés par l’incontournable planche à billets qui tourne à plein régime.

Mais cette bulle boursière ne date pas du coronavirus. Depuis 2010, les entreprises du S&P 500 ont en moyenne triplé leur dette. Au total, elles ont emprunté pour plus de 2500 milliards de dollars (env. 2350 milliards de francs) en seulement dix ans. En d’autres termes, tous les moyens sont bons pour satisfaire l’appétit parfois illimité des actionnaires. Quitte à vivre à crédit. Méprisant toutes les recommandations des experts qui sont toujours plus nombreux à prédire une catastrophe économique. Jérôme Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, ne s’en cache pas. Il affirme depuis des mois que le volume de la dette est trop élevé et qu’un grand nombre de sociétés sont au bord de la faillite. Les seules qui disposent de suffisamment de liquidités sont les géants du secteur technologique: Apple, Amazon, Google et Microsoft en tête.

En généralisant le risque depuis le début de la pandémie de coronavirus, la banque centrale américaine, comme celle européenne, creuse le fossé entre l’économie réelle et celle de la planche à billets. Elle contente les actionnaires, mais élève à un niveau explosif le risque de faillites massives. Droguées à la dette, les plus grandes multinationales de Wall Street sont condamnées à affronter les crises sans économies. Pour le plus grand bonheur de leurs actionnaires…