Ethiopie: esclavage des temps modernes

Il y a quelques années, la Chine était encore considérée comme l’usine du monde. Un monde merveilleux où les employés étaient payés deux bols de riz et n’avaient aucune revendication sociale. Ils travaillaient jour et nuit sans se soucier de leurs conditions. Un rêve grandeur nature pour les patrons des multinationales. Mais ce rêve appartient désormais au passé. Car les esclaves se sont quelque peu rebellés. Pas grave, les directeurs généraux sans scrupule ont un terrain de jeu sans limite: la planète. Et selon le dernier rapport du Centre Stern pour les affaires et les droits de l’homme de l’Université de New York, ils ont jeté leur dévolu sur l’Ethiopie.

Dans ce pays d’Afrique de l’Est, les salariés des usines de vêtement sont payés 26 dollars par mois. Une aubaine pour leurs clients mondialement connus: H&M, Guess ou Calvin Klein. En effet, leurs homologues au Bangladesh (95 dollars mensuels), au Kenya (207 dollars) et en Chine (326 dollars) ne sont plus compétitifs. Les bougres ont pris la grosse tête, ils se sont fait dépasser par plus corvéables qu’eux. Enfin, ce n’est que provisoire, car selon les auteurs de l’étude, les employés éthiopiens sont malheureux de leur rémunération (quel toupet!) et de leurs conditions de vie. Ils seraient même prêts à protester en cessant leur travail ou en démissionnant. Décidément, la servitude n’est plus ce qu’elle était.

Mais le gouvernement éthiopien ne l’entend pas de cette oreille. Il espère que les exportations de vêtements dépasseront les 30 milliards de dollars (30 milliards de francs) par an sous peu. Alors qu’elles se situent actuellement à 145 millions. Pour y parvenir, il compte multiplier les usines géantes et surtout faire taire cette contestation grandissante. Espérons que les employés sauront faire face à cette tentative indigne de réduire toute une nation à l’état d’esclavage.