L’inquiétant succès des mannequins virtuels

MODE • Tout fout le camp, même les top models deviennent numériques. Ces égéries de pixels s’appellent Noonoouri, Bermuda, Liam Nikuro ou encore Asya Strike. Des noms aussi ridicules que leur fonction: faire rêver les internautes sur Instagram. Au menu, des photos aussi pathétiques que celles des influenceuses, un vide intersidéral digital qui compte pourtant des millions d’adeptes.

Ce succès est également nourri par les marques. Comme Balmain qui a fait un partenariat avec Shudu Gram, une top model créée de toutes pièces par le photographe de mode Cameron-James Wilson. Elle compte aujourd’hui près de 200’000 abonnés sur Instagram, une célébrité boostée par la chanteuse Rihanna qui avait partagé une photo du mannequin portant un rouge à lèvres de sa marque Fenty Beauty. Difficile de faire plus futile. Autre réussite virtuelle, celle de Lil Miquela. De son «vrai» nom, Miquela Sousa. Elle a fait son apparition en 2016 et cumule, tenez-vous bien, plus de 1,6 million de followers. Magazines de mode et marques de prêt-à-porter se l’arrachent car son style mêlant hip-hop et grunge plairait aux fameux Millennials. Jour après jour, elle distille des instantanés de sa vie de poupée numérique. Elle pose avec ses copines près d’un bus, sur des escaliers, devant son ordinateur portable ou dans un fast-food. Vraiment passionnant.

Mariage hybride entre l’intelligence artificielle et les avancées dans le domaine des images de synthèse, ces créatures ont au moins un mérite. Questionner notre société dont l’obsession principale est celle de la perfection et de la futilité esthétique. Quitte à être dans le mensonge. Peu importe, les internautes doivent rêver. Et finalement, quand on y regarde de plus près, ces mannequins virtuels ne sont pas plus ridicules que les influenceuses…