Crise… humanitaire

  • Aux Colis du cœur, à Carouge. STÉPHANE CHOLLET

On l’a vue devant les Vernets. Cette foule amassée sous le soleil patientant pour un simple cornet alimentaire. L’image de cette Genève précaire a jailli au printemps devant nos yeux incrédules. Pour faire le tour du monde.

Quelques mois plus tard, dans le froid de novembre, la foule s’est éparpillée. Décentralisation oblige, elle a été divisée par quatre, à Carouge, à Thônex… Loin des regards. Pourtant, chiffres à l’appui les rangs des démunis ne diminuent guère. On les retrouve aux Colis du cœur pour des couches et du riz, à la Jonction pour un repas chaud, dans les dossiers de l’Hospice général, sous les ponts, dans nos rues.

Pour faire face à cette autre vague, les associations se mobilisent. Les particuliers participent à des collectes. Les bénévoles donnent de leur temps sans compter pour une distribution alimentaire ou une maraude. Les églises ouvrent leurs portes. Les communes mettent la main au porte-monnaie. Le Grand Conseil adopte un crédit de 12 millions versé aux associations. Même les grandes entreprises locales comme Caran d’Ache s’y mettent.

Cette solidarité compte. Elle est essentielle. Pourtant, elle ne résout pas le problème de fond. Sur le terrain, les échos sont unanimes: la précarité augmente. Pire, elle s’installe, elle s’incruste.

De sanitaire, la crise est devenue économique et sociale. A écouter les voix de ceux qui œuvrent au quotidien auprès des plus précaires, cette crise est désormais humanitaire.