Harcèlement de rue, tolérance zéro

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La «mesure» était très attendue. Pour la première fois à Genève, les ravages du harcèlement de rue ont été quantifiés. Sans véritable surprise, les chiffres tirés du Diagnostic local de sécurité 2020 donnent froid dans le dos. Près de 37% des femmes affirment avoir été victimes, ces cinq dernières années, de regards insistants, filatures stressantes, gestes et mots déplacés. Un taux qui explose à 71,7% pour la tranche d’âge des 15-34 ans.
De leur côté, les hommes sont près de 10% à avoir subi ce type d’agressions qui transforme rues, gares, parcs et autres lieux publics en souricières. Et des personnes en véritables proies.
Ce qui est fondamental dans ce premier diagnostic sur le harcèlement de rue – il concerne notamment six communes et près de 4000 résidents ont été sondés –, c’est surtout qu’il met en exergue un fléau qui échappait jusqu’ici aux statistiques policières.
L’avoir enfin clairement identifié et placé au centre du radar sécuritaire permettra aux autorités d’amorcer des changements profonds dans la lutte contre ce grave phénomène. Sur le terrain, elles pourront mieux cibler les missions et coordonner le travail des polices cantonale et communales. Ce travail indispensable sera élaboré et mené en étroite collaboration avec le Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences (BPEV).
Pour être complètement efficace dans la durée, le partenariat devra également s’étendre au champ juridique. Et, surtout, miser massivement sur l’éducation. C’est en effet pendant l’enfance que se forgent les notions de respect de l’autre. C’est à l’école que l’on peut mettre l’accent sur la prévention de problèmes qui, on le sait désormais avec certitude, pourrissent la vie de trop nombreuses citoyennes et de trop nombreux citoyens.