Impuissance

  • ©Stéphane Chollet

Rien ne va plus dans le monde interlope de la prostitution. Depuis la levée de l’interdiction à Genève, fin janvier, tout part, pardonnez l’expression, en couilles. En cause: les indispensables plans sanitaires très stricts, les horaires inadaptés et la peur du virus (lire ci-contre). De quoi largement refroidir les ardeurs de la clientèle. Mais aussi, et c’est bien plus fâcheux, orienter l’activité du sexe tarifé vers une dangereuse clandestinité.
Comme lors de la première vague, la précarité et les aides dérisoires poussent en effet de nombreuses prostituées à flirter avec les interdits. Concrètement, celles-ci proposent à leurs clients de se déplacer, seules et en dehors des heures autorisées, à leur domicile privé ou dans des lieux qu’elles savent non contrôlés par la police.
Rien de réjouissant dans le développement de ce «marché parallèle». Le travail clandestin rend en effet les prostituées plus vulnérables aux contraintes, aux clients pervers et radins en position de force pour négocier jusqu’au bout prestations et tarifs.
Pire, placées dans l’illégalité, les victimes d’agressions hésiteront deux fois avant de déposer plainte.
Et ce n’est pas fini. L’autre grand danger est d’ordre sanitaire. Pour le coup, clients et prostituées hors la loi sont pareillement exposés. Sans traçage, la formation de clusters peut se faire en toute opacité et sans la moindre possibilité de remonter à la source d’une contamination. Inacceptable.
On le voit, la situation actuelle a de quoi sérieusement inquiéter les associations de défense des travailleuses et travailleurs du sexe.
Certaines ont alerté par écrit les autorités. En vain. Pour l’heure, dans ce dossier très délicat, celles-ci font à leurs yeux surtout preuve d’une coupable impuissance.