Précarité: allô le Canton?

  • Des volontaires de la Caravane de la solidarité aux Vernets. MARIE PRIEUR

Les images de la distribution alimentaire aux Vernets ont fait le tour du monde. L’urgence est criante. La société civile monte au front. Bien avant le branle-bas de combat à la patinoire, une association tend la main aux précarisés. Donateurs et bénévoles répondent présents et se montrent à la hauteur du défi. La Ville de Genève leur emboîte le pas. Le temple du hockey ouvre ses bras. Des collaborateurs quittent leurs habituelles fonctions pour revêtir le gilet jaune.

Et le Canton? Qu’a-t-il fait face à la file de démunis qui s’allonge? Certes, des conseillers d’Etat se sont aventurés dans les tranchées. On a vu passer Mauro Poggia devant les caméras. Chargé de la Cohésion sociale, Thierry Apothéloz était là. «Il a même distribué des sacs», lâche un bénévole admiratif. Seulement voilà, ce n’est pas le rôle d’un magistrat.

Gouverner, c’est prévoir. Difficile d’anticiper une telle crise sanitaire me direz-vous? Sûrement. En revanche, la crise sociale sommeille. Et la lutte contre la misère roupille. Les milliers de personnes qui ont attendu des heures pour un sac de nourriture ne se sont pas réveillées tenaillées par la faim à la mi-mars. Ces précaires qui ont défilé sous nos yeux ébahis, chaque samedi, vivent ici et font vivre Genève depuis des décennies. Thierry Apothéloz, lui-même, le reconnaît à l’heure du bilan ce 6 juin: «Nous tirons la sonnette d’alarme depuis longtemps!»

Tirer la sonnette, c’est bien, agir, c’est mieux.