Rupture consommée

  • Après-midi post-électoral à Uni Mail. FRANCIS HALLER

Le taux de participation au second tour du Conseil des Etats s’est «élevé» à 32,81%. Autrement dit, moins d’un tiers des électeurs genevois se sont rendus aux urnes. D’après les archivistes, il faut remonter aux années 1930 pour trouver une participation aussi basse et consternante. L’analogie avec une des périodes les plus tragiques de l’Histoire contemporaine s’arrête-là. Pour le moment en tout cas. Pas question non plus d’essayer d’analyser, dans l’exercice partiel de l’édito, les causes de la rupture consommée entre électeurs et classe politique. Comme souvent dans les histoires passionnelles, les raisons d’un échec sont multiples et complexes. Il faudra du temps pour en mesurer les conséquences à l’échelle locale. Le problème ici, c’est justement que le temps manque cruellement. Au printemps 2020, autrement dit demain, les élections municipales sonnent déjà le glas de pas mal de certitudes et de carrières politiques. Là encore, le bon sens voudrait que les stratèges et les militants des partis se concentrent sur l’émergence de figures fortes capables de rassembler. Foutaises, pour l’heure, on préfère aiguiser les couteaux dans des luttes fratricides, la recherche du bouc émissaire ou la préparation de putschs. De telles luttes intestines, même si elles sont parfois nécessaires, n’ont jamais constitué un programme électoral. Surtout, c’est désespérant de le rappeler, elles sont à des années-lumière des véritables préoccupations des citoyens. C’est sur ce terrain-là que la campagne des municipales à venir doit se concentrer. Faute de quoi, la tendance au dégagisme et au «tous pourris» va se poursuivre. Pire, s’intensifier.