Il y a les beaux discours et il y a la réalité des chiffres. Cette dernière est souvent implacable. Prenons l’exemple des abattages d’arbres dans le canton. «Il y a eu 235 avis ou dérogation pour abattage au mois de septembre 2020, contre 202 à la même période l’année précédente, annonce Guilhem Tardy, fondateur de PilierPublic.com. Ceci représente une progression de 16%. C’est aussi le deuxième record de l’année, derrière le mois de juillet avec 244 avis. Après le semi-confinement, le nombre d’avis a littéralement explosé, on assiste à une hécatombe végétale.»
Le début de l’année n’a guère été plus réjouissant: «Pendant le premier trimestre, le nombre d’abattage d’arbres ou dérogations pour abattage était en progression de 26% par rapport à la même période l’an passé», indique Guilhem Tardy.
«Véritable catastrophe»
Ces chiffres font bondir Pierre Gauthier, conseiller municipal à la retraite et ardent défenseur d’un canton plus vert: «Pour la seule Ville de Genève, ce sont plus de 150 arbres qui ont été détruits par la tempête ravageuse du 13 août dernier. Ainsi, avec les requêtes d’abattage mentionnées par le site PilierPublic, nous assistons à une véritable catastrophe. Si l’on ajoute les conséquences terribles du changement climatique, le patrimoine arboré de notre canton continue donc de subir un écocide. Cela me désole profondément.»
Problème informatique
Valentina Hemmeler Maïga, directrice de l'Office cantonal de l'agriculture et de la nature, livre une étonnante explication à cette hausse des avis ou dérogations pour abattage d’arbres: «Un problème informatique a généré un effet de multiplication involontaire des avis. Ce qui a entraîné une augmentation artificielle des chiffres publiés. Par ailleurs, des chiffres mensuels ne peuvent pas indiquer de tendance particulière car il y a de fortes variations au cours des saisons. Cette année est en plus très particulière, avec le prolongement des délais légaux de traitement des dossiers dû à la crise sanitaire. Ainsi, les chiffres ont été bien en dessous de la moyenne entre avril et juin, avec entre 80 et 100 dossiers par mois. Mais cette situation a visiblement entraîné un effet de report, en repoussant sur l’été le traitement d’une partie des dossiers.»
Les arbres abattus seront-ils moins nombreux ces prochains mois? «En cette année marquée par la sécheresse, et suite au très fort orage du mois d’août, des interventions plus nombreuses seront malheureusement nécessaires avec des abattages pour des raisons de santé des arbres et de sécurité du public, remarque Valentina Hemmeler Maïga. Nous devons aussi constater que la nature elle-même abat des arbres.»