Ces étrangers qui ont façonné Genève

LIVRE COLLECTIF • Ce bel ouvrage brosse le portrait de Genevois et de Genevoises d’adoption qui ont marqué l’histoire de leur terre d’asile.

  • Le livre est documenté d’images d’archives et d’anecdotes historiques inédites. DR

    Le livre est documenté d’images d’archives et d’anecdotes historiques inédites. ©DR

Une histoire de Genève de 1520 à 2020 à travers le rôle important qu’ont joué des Genevois d’adoption dans notre cité. Tel est le thème de «Genève, cinq siècles d’accueil», écrit par Moreno Berva, avec Brigitte Mantillieri, Corinne Walker, Sarah Scholl et Jean-François Labarthe. Un très bel ouvrage, préfacé par l’ex-directeur général de l’ONU Michael Møller, qui devrait combler les passionnés de récits historiques du terroir. Et enchanter les esprits curieux, qui ne demandent qu’à se cultiver.

Des personnages illustres…

Ce livre collectif de près de 440 pages brosse le portrait d’une quarantaine de personnages, illustres ou méconnus, qui ont fait rayonner leur terre d’asile genevoise, en contribuant à son développement. A l’instar, côté notables, du médecin allemand August Christophe Carl Vogt (1817-1895), qui se réfugia à Genève en 1848, avant de devenir conseiller d’Etat. Ou encore du brillant écrivain autrichien Robert Musil (1880-1942), qui est enterré au cimetière des Rois. Sans oublier, bien sûr, le plus célèbre de tous ces immigrés qui lia sa destinée à celle de notre ville. A savoir un certain Jean Calvin, «pape» de la Réforme adulé, même si le mot, je vous l’accorde, n’est guère approprié pour décrire ce grand homme.

...et d’autres oubliés

D’autres figures marquantes sont, par contre, tombées dans les oubliettes de l’histoire. Regrettable. Car elles avaient aussi marqué leur temps dans nos murs. A l’image du Français Charles Cusin qui fut l’un des premiers horlogers répertoriés à Genève à la fin du XVIe siècle. Ou encore de l’historien et pacifiste allemand Ludwig Quidde, qui reçut le prix Nobel de la paix en 1927. Preuve que la notoriété n’est pas éternelle. A quelques exceptions près.

Hommage aux femmes

Ce projet de livre s’est inspiré d’une publication plus modeste éditée en 2001 pour le 50e anniversaire de l’Agence de Nations Unies pour les réfugiés. Agrémenté d’iconographies et de photos, cet ouvrage brillant rend aussi hommage à plusieurs femmes, originaires d’ailleurs, qui se sont illustrées dans notre république au fil des siècles.

Parmi les plus connues, citons la comédienne d’origine russe Ludmilla Pitoëff, la psychologue Jeanne Hersch et la mythique Catherine Cheynel, alias la Mère Royaume, l’héroïne de l’Escalade. Mais qui connaît encore la théologienne Marie Dentière, la journaliste Elisabeth Baulacre ou la businesswoman Isabelle Eberhardt? Plus grand monde sans doute. Pour ne pas dire personne. Une raison de plus pour se plonger dans ce bouquin enrichissant qui aurait plu à Charles Aznavour, qui déposa, lui aussi, ses valises au bout du lac. Un ouvrage vraiment formi, formi, formidable.

«Genève, cinq siècles d’accueil», publié aux éditions Notari. 440 pages, 320 illustrations. www.editionsnotari.ch