Cornavin: «Pas d’économies sur le dos des usagers!»

MOBILITé • Les partisans des chantiers ferroviaires prévus à Cornavin et à Genève-Aéroport rejettent en bloc le contre-projet de Rodolphe Weibel (GHI 7.3.19). «C’est du réchauffé!», affirme Michel Ducret, président de la CITraP-Genève. Interview.

  • L’extension de Cornavin se fera en sous-sol plutôt qu’en surface,

    L’extension de Cornavin se fera en sous-sol plutôt qu’en surface,

  • ce qui implique un coût. «Genève vaut bien les montants envisagés», estime Michel Ducret. F. HALLER/DR

    ce qui implique un coût. «Genève vaut bien les montants envisagés», estime Michel Ducret (en médaillon). F. HALLER/DR

  •  Michel Ducret. DR

    Michel Ducret. DR

Michel Ducret, président de la CITraP-Genève (section genevoise de la Communauté d’intérêts pour les transports publics) et ancien député, réagit au contre-projet d’agrandissement des gares Cornavin et Genève-Aéroport de l’ingénieur à la retraite Rodolphe Weibel dans nos colonnes (GHI du 7.3.19).

GHI: Le combat de l’ingénieur Rodolphe Weibel contre les deux immenses chantiers ferroviaires prévus à Cornavin et à l’aéroport vous a fait bondir. Pourquoi?

Michel Ducret: L’idée prônée par Rodolphe Weibel avait déjà été envisagée, il y a plusieurs années, dans le cadre de l’aménagement du territoire, mais abandonnée pour des raisons évidentes de dégradation de la desserte de Genève pour les usagers de la ligne de Lausanne.

– C’est-à-dire?

–En raison de sa position stratégique, il a été souhaité que Cornavin reste la gare principale de Genève. Tout ceci avait été présenté aux membres de la Commission des transports du Grand Conseil qui l’a approuvé. S’il a été finalement décidé de soutenir l’extension souterraine de Cornavin plutôt qu’en surface, ce qui détruisait tout le bas du quartier des Grottes, c’est donc bien après avoir été dûment informé, contrairement à ce que prétend Rodolphe Weibel. Son «idée» n’est donc que du «réchauffé», déjà examiné et rejeté.

– Mais que reprochez-vous concrètement à son contre-projet?

– Il implique un allongement du temps de parcours d’environ douze minutes pour un train sur deux. Ceci représente, par exemple, une augmentation du temps de parcours de 80% entre Genève et Nyon! D’autre part, Genève étant gare terminus, les convois doivent y être nettoyés et approvisionnés avant de repartir pour d’autres destinations. Une desserte ferroviaire ne se limite pas à jouer au petit train en posant des voies pour faire circuler des convois, mais doit tout d’abord être orientée vers les besoins de la clientèle et des exploitants.

– Et, selon vous, il y a aussi un problème de calcul des coûts?

– Oui, Rodolphe Weibel additionne les coûts de projets différents dont l’un n’a strictement rien à voir avec l’autre: l’extension de la capacité de Cornavin d’une part, et le prolongement du RER Léman Express vers Meyrin-Satigny de l’autre, tout en sous-estimant le montant de la réalisation de son propre projet. De plus, le projet qu’il prétend vouloir combattre n’est qu’une première étape, une deuxième étant nécessaire pour l’horizon 2050; ne pas effectuer ces travaux maintenant ne revient qu’à reculer pour avoir les mêmes nuisances plus tard.

– Pourtant, il n’est pas seul dans ce combat. Le député PLR Rolin Wavre souhaite qu’une réflexion supplémentaire soit menée, c’est légitime quand on parle d’un projet à 4,7 milliards, non?

– Encore une fois, ce montant n’est pas correct. Certes la dépense reste importante, mais les choix effectués ne l’ont pas été sans une réflexion approfondie du Grand Conseil. Il est d’ailleurs surprenant qu’un nouveau député, par ailleurs président de la section genevoise des consommateurs, puisse s’intéresser à un projet aussi défavorable pour la clientèle du chemin de fer! Effectuer des économies à court terme au détriment des usagers n’est pas de bonne politique. Pour la gare de Zürich, où les trains s’étagent maintenant sur trois niveaux, la facture a été bien plus énorme, mais le résultat est à la hauteur de l’investissement. Genève vaut bien aussi les montants envisagés!