Des dealers africains proposent aussi du sexe

PROSTITUTION • Plusieurs personnes témoignent d'un phénomène que l'on préfère encore passer sous silence. Quoique…

  • Aux Pâquis, des dealers sont prêts à se prostituer. DR

    Aux Pâquis, des dealers sont prêts à se prostituer. DR

Quelques dealers de rues vont, semble-t-il, jusqu'à offrir des services sexuels. Et des Genevois, accostés par certains d'entre eux, veulent témoigner. Comme Marc qui parque sa voiture rue de Neuchâtel. Il en sort et cherche l'horodateur. «Peut-être est-ce ma mine interrogative qui a précipité un jeune Africain vers moi?, explique-t-il, aujourd'hui amusé. Toujours est-il qu'il me demande si je veux de la coke, de l'herbe, et face à mon refus, il me sort: «Sexe, tu veux?». J'étais sidéré, mais surtout inquiet à l'idée de ce qui pourrait suivre...» D'autres témoignages viennent confirmer celui de Marc. «C'est presque devenu une routine, lance, un brin agacée, Véra*, une fonctionnaire qui travaille derrière la gare: «Ces dealers n'ont peur de rien. Ils demandent, autant aux hommes qu'aux femmes d'ailleurs, s'ils ou elles veulent telle ou telle substance ou de «l'amour». Personne n'ose broncher…» Autre quartier, même situation avec Isabelle*. Après une journée bien remplie, elle s'apprête à monter dans son véhicule, stationné dans un parking de la Jonction. Soudain, un Africain d'une trentaine d'années lui fait face. «Il faisait déjà nuit et j'ai vraiment eu la frousse face à cet homme. Lui, très calme, me propose diverses substances que j'ai refusées. Puis il me demande si je veux du sexe… Là, toute seule, j'ai mis en marche le moteur et suis partie le plus vite possible.»

Concurrence déloyale

Alors, épiphénomène ou nouvelle pratique? Difficile, pour l'heure, de répondre. Michel Félix, chargé de communication d'Aspasie, a tenté d'en savoir plus. «J'ai contacté une travailleuse du sexe qui dit ne pas être au courant. Mais il faut savoir que ces femmes sont très prudentes et dénoncent toute forme de concurrence déloyale.» La responsable des personnes sur le terrain pour l'Association dit, elle aussi n'avoir rien entendu de ce genre. «Ce qui ne signifie pas que cela n'existe pas», ajoute Michel Félix. Du côté de la police, même topo. «Franchement, nous ne sommes pas au courant de telles pratiques», lance Sylvain Guillaume-Gentil, porte-parole. Cependant, un bulletin journalier nous confirme bien un fait divers, remontant à septembre 2009, relatant l'arrestation de 5 personnes, dont un «homme originaire du Mali, qui reconnaît s'adonner au trafic de stupéfiants, ainsi qu'à la prostitution masculine, laquelle est sa source de revenu principale.»

Réelle appréhension

Faut-il, alors, actionner toutes les sirènes sécuritaires? Surtout que, pour l'heure, ces dealers ne semblent pas agressifs. Aucune plainte n'a été formulée à ce jour auprès des commissariats. «Mais vous voulez déposer plainte pourquoi? relève Marc. Parce qu'un dealer propose aussi du sexe? Il n'y a eu aucune violence. Oui, j'ai ressenti une réelle appréhension, mais ça la police ne peut la gérer.» Effectivement. Sylvain Guillaume-Gentil ajoute: «En revanche, nous sommes conscients que, par manque d'argent, certains dealers acceptent une faveur sexuelle contre une boulette de cocaïne», ajoute Sylvain Guillaume-Gentil. S'agit-il de cela? Nos témoins n'y croient pas.