Des démissions mais aussi des adhésions au PLR

Selon les «pro-Maudet», l’exclusion du conseiller d’Etat devait entraîner des centaines de démissions. Finalement, le résultat est plus contrasté. Explications.

  • Pierre Maudet lors de l’assemblée générale extraordinaire du PLR le 15 janvier 2019. MARIE PRIEUR

    Pierre Maudet lors de l’assemblée générale extraordinaire du PLR le 15 janvier 2019. MARIE PRIEUR

Démissionnera? Démissionnera pas? Au lendemain de l’exclusion de Pierre Maudet du PLR, les regards se tournent vers ses soutiens. Pour cause, dimanche 5 juillet, dans un message envoyé à Bertrand Reich, président du parti, Nicolas Aubert, président du PLR Vernier et fervent défenseur du conseiller d’Etat annonçait «des centaines de démissions (dont la mienne) et probablement le démembrement de notre parti». Et d’ajouter: «Ce ne sera pas de gaîté́ de cœur que je quitterai ce beau parti. Réfléchis donc à deux fois avant d’actionner le couperet.»

Or, le couperet est tombé lundi 6 juillet, peu avant 8h30. Quid des démissions en cascade? «Nous avons enregistré trois démissions, précise Bertrand Reich. Mais aussi deux adhésions.» Sans parler des 30 messages reçus par le président du PLR, «dont 27 de soutien» à la décision du comité directeur.

Nicolas Aubert lui-même ne compte pas parmi les premiers démissionnaires. Il faut dire que la stratégie du comité de soutien semble avoir évolué entre-temps. En atteste son dernier communiqué diffusé à l’issue du vote d’exclusion. On peut y lire ces mots: «Considérant qu’il s’agit d’une attaque frontale contre la branche radicale du PLR, exprimée comme telle durant la séance de [lundi] matin, nous allons demander l’invalidation de cette décision.» Mais aussi un changement de présidence, «à la prochaine assemblée générale». Pas de quoi faire trembler Bertrand Reich, qui pour l’heure n’a reçu aucune demande allant dans ce sens, ni de recours de Pierre Maudet. Ce dernier dispose toutefois trente jours.

Le président du PLR note par ailleurs que son parti a subi un contrecoup bien plus sévère après l’assemblée générale du 15 janvier 2019 qui avait, à une courte majorité, accordé sa confiance à Pierre Maudet. «Les démissions s’étaient succédé sur deux mois environ pour atteindre 60 départs.» Une déception qui a aussi été ressentie dans les urnes. Quant à savoir quel sera l’impact précis de l’exclusion de Pierre Maudet sur l’effectif du PLR, il est encore trop tôt pour faire les comptes.

Ce qu’il faut retenir de cette semaine

Lundi 6 juillet, le comité directeur du PLR Genève a exclu Pierre Maudet du parti (22 voix pour, 1 contre et 1 abstention), qui a trente jours pour recourir à l’assemblée générale. Vendredi 3 juillet au soir, dans sa newsletter, le conseiller d’Etat chargé du Développement économique annonçait qu’il ne serait pas présent à cette séance, estimant que «(son) droit à être entendu est un leurre». Mardi 30 juin, le comité directeur l’avait convoqué, lui et le conseiller municipal Simon Brandt (absent pour raisons de santé) afin que tous deux s’expliquent à propos d’un échange de messages. Révélé par Le Temps, il évoquait la possibilité de modifier un procès-verbal et de prévenir des «membres sûrs» du PLR Ville de Genève.

De leur côté, les «pro-Maudet» ont lancé une contre-offensive dimanche 5 juillet. Nicolas Aubert, président du PLR Vernier a adressé une lettre au président du PLR, Bertrand Reich, affirmant: «Faire tomber Pierre Maudet, c’est arracher 50% de la chair du PLR.»

Sur le plan judiciaire, le Parquet a informé mercredi 1er juillet qu’il renvoyait le conseiller d’Etat en jugement principalement pour les faits relatifs à son voyage à Abu Dhabi en novembre 2015. Le volet Manotel, lui, sera classé. Lors d’une conférence de presse aux côtés de ses avocats, Pierre Maudet a réagi: «Vous avez devant vous un homme qui se bat, qui se bat depuis des mois. Je ne suis pas une victime, je suis une cible.»