«J’ai ma propre adresse. Je suis soulagée. Mon stress est parti»
Catherine, 51 ans, habitante de Fort-Barreau
Sur le bord du lit, plusieurs statuettes de la sainte vierge côtoient les photos de Catherine et de son fils. Des valises et des boîtes de chaussures s’amoncellent dans la pièce. Ce n’est pas grand, mais c’est chez elle. Du coup, c’est le sourire aux lèvres que cette habitante des nouveaux logements modulaires de Fort-Barreau nous accueille.
Catherine, qui doit son nom à l’actrice française, Madame Deneuve, a emménagé ici, au cœur du quartier des Grottes, en juillet, quelques jours après l’inauguration de ce petit immeuble de quatre étages. «Je suis soulagée. Mon stress est parti», lâche, en anglais, cette quinquagénaire originaire des Philippines. Il faut dire qu’il y a quelques mois, elle perd son travail d’employée de maison auprès d’un fonctionnaire international. Et dans la foulée, son appartement.
«Ne me laisse plus!»
L’association SOS femmes lui tend alors la main. Elle postule auprès de l’Unité de logement temporaire (ULT) de la Ville de Genève. Quelques semaines plus tard, elle intègre les lieux. «J’ai ma propre adresse», répète Catherine, tel un mantra. Une adresse qui lui permet de toucher des aides sociales, de chercher un nouveau travail... Bref, de briser le cercle vicieux. Mais aussi de recevoir son fils, âgé de 18 ans. «Il m’apporte son linge sale le samedi. Je lave et repasse», dit-elle, ravie.
C’est pour lui que Catherine poursuit son combat. «J’ai pensé retourner aux Philippines. Mais, mon fils m’a dit: ne me laisse plus! C’est moi ta famille.» Les larmes se mêlent aux mots. Ce logement à Fort-Barreau, c’est la bouée de sauvetage de cette courageuse mère de famille. Un refuge en attendant de trouver un emploi et un appartement plus grand pour elle et son fils.
Fini le sous-sol insalubre
D’un étage à l’autre, les histoires se succèdent. Leur point commun: l’espoir. Celui qui brille dans les yeux de Nadia, 30 ans. Cette jeune maman a accouché le 18 juin d’une petite Inès. Avant qu’elle ne tombe enceinte, elle et son mari, titulaire d’un permis C et employé à 100%, vivaient dans le sous-sol d’une villa, «humide et insalubre», précise la trentenaire.
«Quand le propriétaire a vu que j’étais enceinte. Il nous a mis dehors. Il avait peur de se faire épingler par le service d’hygiène.» Suivent des mois de galère à dormir séparément à gauche, à droite et à multiplier les dossiers auprès des régies publiques et privées. «On nous a carrément dit: «Il y a des gens qui dorment dans leur voiture avec des enfants.» Jusqu’à leur arrivée à Fort-Barreau le 18 juillet, un mois pile après la naissance d’Inès. «C’est petit mais, au moins, on a un toit. Et on est tous les trois», murmure Nadia sans lâcher du regard sa fille qui s’endort sur son épaule.