La démocratie bernée

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Après plus de deux ans de tergiversations, le Tribunal administratif du canton de Berne vient de prendre la décision d’invalider le vote du 18 juin 2017 qui avait enregistré la victoire des autonomistes de Moutier (BE) pour le rattachement de leur ville au canton du Jura. C’est ce que prévoyait la procédure mise en place lors de la création du dernier canton suisse en 1979.

Après la décision de la préfète du Jura bernois, Stéphanie Niederhauser, sans aucun doute pro-bernoise, qui avait une première fois invalidé le vote pour d’obscures raisons, on relance ainsi l’interminable question jurassienne qu’on pensait enfin, et une fois pour toutes, enterrée. Eh bien non, la lutte est ainsi relancée et l’animosité entre les habitants sera à nouveau palpable et c’est bien dommage.

C’est probablement vrai qu’il y a eu quelques irrégularités, mais sans doute des deux côtés des forces en présence. Et que dire de l’argument de la préfète qui, dans le but d’invalider la votation, dénonçait une «propagande non admissible» de la part des autorités autonomistes prévôtoises. Oublie-t-elle, Madame la préfète, que lors de la lutte pour la libération du Jura, le canton de Berne avait institué des caisses noires servant à alimenter la propagande antiséparatiste dudit canton? Et, celles-ci bien sûr alimentées par les sous des contribuables de tout le canton de Berne, Jura compris.

La vraie question qui se pose aujourd’hui, et ce sera vital si on doit revoter, c’est de savoir pourquoi une préfète, manifestement partisane, a eu entre ses mains la décision de valider ou d’invalider ce vote? N’aurait-on pu prévoir qu’une institution neutre et externe aux belligérants soit mise en place pour cette circonstance très particulière. On n’en serait pas là aujourd’hui.

Le Tribunal fédéral sera saisi, c’est sûr! Et il tranchera! Mais il est fort possible que l’on revotera une fois de plus et la question jurassienne se prolongera encore de quelques années. On en finira donc jamais!