L’aviation d’affaires redécolle en douceur

Après un printemps catastrophique, les compagnies d’aviation privée notent un retour des réservations. Un soubresaut qui devrait se confirmer avec l’ouverture progressive des frontières cet été.

  • Depuis le début

    Depuis le début de la crise sanitaire, l’aviation d’affaires a vu son activité fondre de 70 à 90%. DR

Samuel Werner semble enfin retrouver le sourire depuis le début du semi-confinement. Le directeur des opérations chez Speedwings, une compagnie de jets privés basée à Genève, constate un retour de la demande: «Nous remarquons un net rebond. Alors que l’ensemble de notre flotte a effectué dix-huit heures et trente minutes de vol sur la première quinzaine du mois de mai, nous avons terminé la seconde quinzaine avec une hausse de 120%.»

Avant de tempérer: «Malgré ce redressement sensible, le bilan du mois de mai est préoccupant avec une chute de 80% du nombre d’heures de vol par rapport à l’an dernier. On peut donc affirmer que nous commençons à sortir très timidement d’une phase de profonde léthargie.»

Attentisme de rigueur

Autre compagnie même son de cloche de la part de Florent Sériès, directeur commercial chez TAG Aviation: «On reçoit de plus en plus de demandes car les gens sont impatients de pouvoir voyager à nouveau. En revanche, on a encore peu de confirmations car nos clients attendent d’être sûrs de pouvoir voyager avant de confirmer leur vol. Cette crise nous a appris à être prudents car de nouvelles décisions tombent tous les jours.»

Une prudence partagée par Walter Chetcuti, président de l’Association genevoise d’aviation d’affaires (AGAA): «La reprise reste peu sensible. A Genève, nous constatons actuellement moins de quinze mouvements par semaine, comparativement à une centaine de vols par week-end en temps normal. C’est logique, l’aviation d’affaires reflète l’état général de l’économie. Si tout tourne au ralenti, nous aussi.»

Atout concurrentiel

A court terme cependant, les trajets en jet privé pourraient séduire une nouvelle clientèle, auparavant habituée à la première classe et désormais désireuse d’éviter les flux de voyageurs dans les aéroports. Ce que confirme Samuel Werner: «Nos vols sont traités dans des terminaux dédiés, ce qui limite considérablement les contacts potentiels et évite les moments d’attente. La flexibilité apportée par l’aviation d’affaires permet aussi à nos clients de rentrer chez eux le soir même, ce qui réduit aussi les risques inhérents aux séjours dans les hôtels.»

Florent Sériès abonde: «Avant la crise, beaucoup de gens avaient les moyens de voyager en jet, mais ne le faisaient pas pour des raisons diverses et variées. Le risque sanitaire et les contraintes imposées à l’aviation commerciale risquent de les pousser à se tourner vers l’aviation d’affaires afin d’éviter de se trouver à bord d’un avion avec leur famille et 130 autres passagers qu’ils ne connaissent pas. Je pense que les gens vont moins voyager, mais préféreront, s’ils le peuvent, le jet d’affaires à la ligne aérienne.»