Les internationaux de Genève, ces grands oubliés

NOUVELLE LOI SUR LA NATIONALITÉ • A partir du 1er janvier 2017, seuls les détenteurs du permis C pourront obtenir le passeport suisse. Les fonctionnaires internationaux seront mis sur la touche.

  • 24’000 fonctionnaires internationaux habitaient à Genève fin décembre 2015. STéPHANE CHOLLET

    24’000 fonctionnaires internationaux habitaient à Genève fin décembre 2015. STéPHANE CHOLLET

«Je suis dégoûté, je pensais vraiment pouvoir devenir Suisse, cette nouvelle loi est injuste!» Jorge (nom d’emprunt), 46 ans, de nationalité colombienne, résidant à Genève depuis 11 ans et travaillant pour une agence spécialisée de l’ONU, espérait déposer une demande de naturalisation à Genève en 2017. Sauf qu’il ne sera plus en mesure de le faire: la nouvelle loi sur la nationalité, qui entrera normalement en vigueur le 1er janvier prochain, n’ouvrira la naturalisation qu’aux seuls détenteurs du permis C.

Les personnes en possession de cartes de légitimation internationales ou d’autres permis temporaires ne seront donc plus naturalisables. Selon l’Office cantonal de la statistique, près de 24’000 fonctionnaires internationaux habitaient dans le canton de Genève à la fin décembre 2015, et y représentaient tout de même 11,9% de la population résidante étrangère totale.

Au cours de l’année dernière, 2,6% d’entre eux sont d’ailleurs devenus Suisses.

Cercle réduit

Selon Nathalie Riem, directrice de la communication à l’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM), «les nouvelles dispositions légales vont en effet réduire le cercle de personnes éligibles et risquent d’affecter à terme, la structure démographique du canton. Sachant qu’à Genève, le solde migratoire des Suisses est négatif depuis plus de 30 ans, la population suisse à Genève se maintient proportionnellement grâce aux nouveaux citoyens.»

Non rétroactif

Pourtant, selon Martine Thévenot, présidente de l’Association des fonctionnaires internationaux français (AFIF), beaucoup de fonctionnaires français expriment le désir de se faire naturaliser même si «dans la plupart des cas, ceux-ci souhaitent avant tout pouvoir s’établir en Suisse de manière permanente, car on voit de nombreuses expatriations».

En attendant l’entrée en vigueur de la nouvelle législation, celle-ci prévoyant le principe de non rétroactivité, les procédures commencées sous l’ancienne loi finiront avec ce même régime. Dans cette optique, l’OCPM compte largement informer les résidents du canton touchés par ces modifications, afin de leur permettre de déposer une demande de naturalisation dans le courant de l’année. Une plaquette a été éditée dans ce but, également disponible sur internet.

Nouvelle loi sur la nationalité en bref

Votée le 20 juin 2014, la nouvelle loi sur la nationalité, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2017, confirme à l’art 9 al. 1, que seules les personnes détentrices d’un permis C pourront à l’avenir faire une demande de naturalisation. Ceci rendant dès lors quasiment impossible l’accès à la citoyenneté pour les personnes au bénéfice d’autres permis temporaires, comme les permis B, L, F ou carte de légitimation du DFAE.