A l’ONU, la situation financière est dramatique

Retards dans le paiement des salaires, économies d’électricité et de chauffage, restrictions des voyages officiels: la crise financière qui secoue le siège européen à Genève s’aggrave. La faute aux Etats membres qui tardent à régler leur contribution.

  • Le siège européen de l’ONU à Genève. En ce début d’année, l’organisation vit une crise de liquidités sans précédent. DR

    Le siège européen de l’ONU à Genève. En ce début d’année, l’organisation vit une crise de liquidités sans précédent. DR

Dans une lettre adressée en octobre dernier aux 193 Etats membres, le secrétaire général des Nations unies (ONU) Antonio Guterres n’y allait pas par quatre chemins: «L’ONU vit sa pire crise de liquidités depuis près de dix ans.»

Les Etats membres ne paient pas

Un cri d’alarme qui semble être resté lettre morte tant au siège mondial à New York qu’à Genève, comme le confirme Alessandra Vellucci, directrice de l’information au sein du siège européen de l’organisation: «En ce début d’année 2020, la situation est encore pire que l’an passé. Et ce, malgré des économies réalisées dans le dernier trimestre de l’année dernière. Des conférences ont été repoussées, des voyages officiels ont été supprimés et des économies d’énergie ont également été réalisées. Mais le problème n’est pas réglé. Les Etats membres accusent toujours un important retard dans le paiement de leur contribution annuelle.»

A l’heure où ces lignes sont écrites, seulement cinq pays ont payé intégralement leur cotisation 2020. Il s’agit du Portugal, de l’Arménie, du Liban, de l’Ukraine et de l’Inde. Ce qui signifie donc que 188 Etats ne l’ont pas encore fait. Au quotidien, les incidences pour le personnel du siège genevois sont nombreuses comme nous le confirme Marc*, un employé qui s’exprime sous couvert d’anonymat: «L’ambiance dans les bureaux est tout simplement catastrophique. Tout le monde est tendu en permanence. On nous impose des économies à tous les niveaux. Les lampes doivent rester éteintes, le chauffage réduit à son minimum et on doit se taire si les salaires sont payés avec du retard. Cela a un impact considérable sur notre travail. Beaucoup de collègues se sont mis en congé maladie, par exemple.»

Licenciements à craindre?

Des conditions de travail que déplore Alessandra Vellucci: «Tous les salaires des employés ont pu être réglés à la fin de l’année dernière, mais la situation reste dramatique.» Doit-on craindre une future vague de licenciements? La directrice de l’information reste prudente: «Depuis Genève, nous n’avons pas une visibilité totale sur les programmes budgétaires. A l’heure actuelle, aucune décision de réduction du personnel ne nous a été communiquée.»

A l’interne, la peur a laissé la place à la résignation: «L’ONU est un grand paquebot qui fonctionne avec un moteur de scooter, regrette Marc. C’était le cas en 2019, ça le sera cette année et ainsi de suite. Si un licenciement collectif est annoncé, cela me donnera l’énergie de trouver un job ailleurs. Donc, je n’ai pas peur.»

 

* nom connu de la rédaction