A louer: barrières anti-véhicule-bélier

TERRORISME • Les stratégies policières ont changé depuis l’attentat de Nice, en France. Mais tout le monde ne peut pas acquérir des blocs de béton ou autres modules sécuritaires. Une société genevoise offre un service de location de barrières amovibles. Explications.

  • Pascal Seeger, ancien inspecteur de police, devant une barrière antiterroriste. CHRISTIAN BONZON

    Pascal Seeger, ancien inspecteur de police, devant une barrière antiterroriste. CHRISTIAN BONZON

Depuis l’attentat au camion-bélier à Nice en 2016 (86 morts et près de 500 blessés), les mesures et les consignes de sécurité ont changé, en France comme dans d’autres pays européens. Lors de manifestations populaires festives ou sportives, le public a commencé à découvrir sur son chemin des blocs de béton, des barrières. Plusieurs sociétés proposent désormais leur propre matériel, tous plus sécurisants les uns que les autres quand on lit leurs publicités.

Repenser l’espace public

Surfe-t-on sur le marché de la peur? «Disons qu’il y a un marché, répond Frédéric Esposito, politologue, co-fondateur et directeur de l’Observatoire universitaire de la sécurité, à l’Université de Genève. «L’attentat de Nice a poussé à repenser l’espace public face à la menace terroriste. Que l’on évoque un attentat à la bombe, des agressions au couteau ou des voitures-bélier, il est impossible de sécuriser un lieu à 100%», poursuit celui qui est aussi membre du Conseil consultatif de sécurité de Genève.

Le problème, aujourd’hui, c’est que les organisateurs n’ont pas tous les moyens d’acquérir des modules comme les blocs de béton – que d’ailleurs d’aucuns jugent dangereux (lire encadré) – ou des barrières, ni même de les stocker. D’où l’idée de Pascal Seeger, ancien inspecteur de la police judiciaire genevoise, fondateur de la brigade de criminalité informatique, de louer ces modules. Jeudi 9 mai, l’ancien flic aujourd’hui à la tête de la branche «audit et sécurité» du groupe Practeo, inaugure, à Genève, un service de location de barrières amovibles anti-véhicule assassin (BAAVA) sur tout le territoire helvétique. «Elles sont modulaires, mobiles, robustes et représentent un réel progrès dans la sécurité des citoyens lors d’événements réunissant des foules», assure Pascal Seeger.

Poids lourds stoppés

Plusieurs villes et polices suisses ont déjà fait confiance à ce matériel pour protéger les marchés, les cortèges, les courses pédestres, les festivals, etc. Ces barrières peuvent, selon les modèles, stopper des véhicules jusqu’à 3,5 tonnes ou des poids lourds de type 18 tonnes avec 7,5 tonnes de charge. «Juste avant la Feria de Nîmes l’an dernier, ce dispositif a permis de stopper immédiatement le véhicule d’un déséquilibré qui fonçait dans la foule», fait remarquer Pascal Seeger.

Déployées pour la Fête des Vignerons

Largement déployées en France ainsi qu’au Portugal, au Luxembourg, en Espagne ou en Belgique, ces barrières en location ont déjà été adoptées par les polices municipales de Meyrin, Lancy, Carouge et Lausanne ainsi que par la police vaudoise, notamment pour la Fête des Vignerons cet été. «Elles sont en couleur et par conséquent moins anxiogènes qu’un bloc de béton», ajoute l’ancien policier. «La problématique de sécurisation de l’espace public est pérenne. Aujourd’hui, il s’agit d’avoir une réflexion urbanistique et architecturale afin de ne pas bunkeriser l’espace public», conclut Frédéric Esposito.