Radioactivité: la balise de la discorde

VILLE DE GENÈVE • Le magistrat Rémy Pagani déplore que les mesures du dispositif de surveillance actuel ne soient pas accessibles à la population. Il propose l’achat d’une balise gérée par une entité indépendante. Débats enflammés en perspective.

  • La centrale nucléaire française du Bugey se situe à seulement 70 km de Genève. BD

    La centrale nucléaire française du Bugey se situe à seulement 70 km de Genève. BD

  • La centrale nucléaire française du Bugey se situe à seulement 70 km de Genève. BD

    La centrale nucléaire française du Bugey se situe à seulement 70 km de Genève. BD

Pas encore votée par le Conseil municipal, la proposition d’acheter une balise pour mesurer la radioactivité de l’air en Ville de Genève soulève déjà la controverse. Crainte centrale du conseiller administratif Rémy Pagani? Que les données collectées actuellement à l’aéroport par une balise fédérale soient confisquées par les autorités. «Pour que le dispositif de surveillance soit efficace, les informations sur d’éventuelles émanations radioactives doivent être publiques et consultables en permanence par l’ensemble des citoyens sur internet. Seulement ainsi, on pourra assurer totalement leur sécurité», plaide le magistrat en charge du Département des constructions et de l’aménagement.

Cacher les informations

«On l’a bien vu lors des catastrophes de Fukushima et de Tchernobyl, en cas de problème nucléaire grave, les Etats ont tendance à cacher les informations à la population. Leur premier réflexe, c’est d’attendre que la catastrophe passe. Or, les premières heures sont décisives. La gestion du dispositif de surveillance ne doit donc pas être confiée à l’Etat, ni d’ailleurs aux municipalités ou à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), mais à une entité indépendante», préconise l’élu municipal. Un nom? «Oui. La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD). Une association créée en 1986, neutre et disposant de ses propres méthodes, laboratoires et équipements de mesure. Elle constitue un partenaire de choix, compétent et indépendant des filières nucléaires et des sphères d’influence de l’Etat», appuie Rémy Pagani.

Débats peu fusionnels

Reste à savoir si ses craintes de noyautage de l’information sont justifiées et si la proposition du Conseil administratif est viable? «C’est la Confédération qui est en charge des problématiques liées au nucléaire civil et en aucun cas les municipalités», clarifie Emmanuelle Lo Verso, secrétaire générale adjointe au Département de la sécurité et de l’économie (DSE). Qui poursuit: «Les cantons ont des groupes spécialisés pour faire les mesures sur le terrain». Elle n’en dira pas plus, notamment sur la validité des mesures sur sol genevois prises par une association française non créditée par une instance suisse, ni d’ailleurs sur le transfert d’informations sensibles qui pourraient être envoyées en France. Des questions qui ont pourtant de quoi soulever passablement de réactions en chaîne. Surtout qu’aucune instance de référence suisse n’a, selon nos informations, encore été consultée. Autrement dit, les débats risquent d’être peu fusionnels lors du prochain municipal de la Ville de Genève, lorsque la «proposition du Conseil administratif en vue de l’ouverture d’un crédit de 116’000 francs destiné à l’acquisition et à l’installation d’une balise de mesure de radioactivité indépendante sur le bassin genevois» sera débattue.