Que va devenir l’élevage de cochons nains installé sur le terrain de La Gavotte, la célèbre ferme de loisirs à Lancy? Les 13 bêtes seront-elles euthanasiées? C’est ce qui risque d’arriver si l’association romande de protection et de sensibilisation du cochon les Groins heureux ne trouve pas un nouvel emplacement dans les plus brefs délais. «La Gavotte va se moderniser et ne pourra plus accueillir de porcs, regrette Isabelle Guignard, présidente de l’association. Je désespère car personne jusqu’ici n’a accepté d’accueillir mon cheptel et je dois déménager à la fin août!»
Appel à des agriculteurs
Paniquée à l’idée de devoir faire euthanasier 13 cochons nains (appelés aussi vietnamiens), la quadragénaire lance un ultime cri d’alarme. «Je refuse de placer séparément les porcs car je crains qu’ils ne finissent dans l’assiette, s’inquiète-t-elle. Ça fait deux ans que je tape à toutes les portes, mais personne n’en veut!» Concrètement, les Groins heureux ont en effet sollicité les associations protectrices d’animaux à Genève, Bâle ainsi qu’en France voisine. «J’ai aussi demandé à des agriculteurs de Genève et des cantons de Vaud et Fribourg, sans succès!»
Mais pourquoi La Gavotte n’en garderait-elle pas quelques-uns lorsque la ferme sera agrandie? «Nous serions prêts à garder trois bêtes, car la loi ne nous autorise pas plus», répond Benoît Lance, fondateur et président de La Gavotte. «A l’époque, nous avions quelques cochons qui vivaient en liberté sur le terrain. De nouvelles normes nous ont obligés à mettre ces porcs dans des parcs. Par la suite, Isabelle Guignard est venue s’occuper d’eux avec beaucoup de dévouement. Pour qu’elle puisse assurer leur avenir, comme elle le souhaite, nous lui avons cédé tous les cochons. Mais malheureusement aucune solution ne s’est présentée à ce jour, malgré ses nombreuses recherches.» Benoît Lance précise que La Gavotte «va vivre une année de travaux pour créer de nouvelles structures d’accueil et de détention. Il faut que les cochons déménagent car leurs parcs se trouvent au milieu des travaux.»
Interrogé sur l’affaire, le Service de la consommation et des affaires vétérinaires rappelle que les exigences de la loi sur la protection des animaux impliquent en effet une connaissance porcine et une expérience agricole dès qu’on élève trois cochons. «Bien que le service ne soit pas une autorité en charge de replacer des animaux, note Michel Rérat, vétérinaire cantonal, le service a aidé depuis deux ans Isabelle Guignard dans sa démarche en répondant à ses nombreuses sollicitations concernant la formation requise pour détenir des porcs, les conditions de détention ou les démarches d’exportation.»
Cochons abandonnés
Un encadrement indispensable pour Isabelle Guignard. «Je suis une fan des cochons depuis ma tendre enfance, rappelle-t-elle. Lorsque j’ai commencé à m’occuper de ceux de La Gavotte, c’était l’époque où des gens adoptaient des cochons vietnamiens comme on le fait pour un chien. Malheureusement, faute d’informations sérieuses, beaucoup de personnes en ont adopté sans savoir que cet animal pouvait peser 60 kg, voire plus. Résultat, il y a eu énormément d’abandons de cochons domestiques et c’est d’ailleurs ce qui m’a motivée à m’occuper de ceux de La Gavotte.» Et de conclure: «Si une bonne âme accueille mes cochons, je créerai alors le premier refuge pour cochons domestiques abandonnés!»