«Il faut sélectionner les arbres sains et qui auront la place de s’épanouir»
Caroline Paquet-Vannier, dendrologue au Service des espaces verts
Sur le quai du Mont-Blanc comme au Jardin anglais mais aussi rues Dancet (Plainpalais) et Hoffmann (Servette), les platanes ont changé d’allure. De ces arbres habituellement ratiboisés durant l’hiver s’échappent désormais une multitude de petites branches qui s’élèvent vers le ciel, portant ainsi la promesse d’un futur feuillage garni.
Taille en tête de chat abandonnée
Pourquoi cette nouvelle coupe? C’est le conseiller administratif chargé de l’Environnement en Ville de Genève, Alfonso Gomez, qui livre l’explication: «On a décidé d’arrêter la taille dite en têtes de chat.» L’appellation fait référence aux grosses boules qui se forment en bout de branches.
Une pratique qui remonte au XIXe siècle, selon Alfonso Gomez. A son arrivée au Conseil administratif, le magistrat s’interroge: pourquoi fait-on ainsi? «Il s’agissait simplement d’une habitude, détaille l’élu Vert. L’idée maîtresse n’était pas celle de la sécurité de l’arbre ou des usagers mais une simple question d’esthétique. Car, pendant longtemps, l’arbre en ville n’a été considéré que comme un ornement. A l’heure du réchauffement climatique, nous devons changer nos réflexes. Tous les leviers à notre disposition doivent être activés afin d’augmenter la canopée.»
«Absorber le CO2 et favoriser la biodiversité»
A la demande du magistrat, le Service des espaces verts (SEVE) se met donc à plancher sur le sujet. Avec un objectif en tête: laisser ces arbres s’épanouir pour qu’ils fournissent le maximum d’ombre et de fraîcheur durant l’été. «C’est aussi un excellent moyen d’absorber le CO2 et de favoriser la biodiversité», insiste Alfonso Gomez.
C’est ainsi que dès cette année, 360 arbres ont été sélectionnés sur les 1400 platanes mais aussi tilleuls, marronniers et micocouliers, habituellement taillés en têtes de chat. «Sur ces spécimens, on a laissé les rejets, soit les petites branches, partir pour avoir une couronne plus large et plus haute et du coup un feuillage plus fourni», explique Caroline Paquet-Vannier, dendrologue au SEVE.
Quid de la sécurité?
Mais, attention, contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne suffit pas de laisser le sécateur de côté. «L’arbre adapte sa croissance à son environnement, indique la spécialiste. On ne peut pas changer de type de taille du jour au lendemain. Si on laisse partir un rejet sur une tête de chat qui n’est pas saine, la future branche peut casser, tomber. Il faut donc sélectionner les arbres sains et qui auront la place de s’épanouir. Et éliminer une partie des rejets pour éviter que le poids ne soit trop lourd.»
Durant les huit prochaines années, il s’agira donc d’accompagner chaque arbre afin qu’il retrouve peu à peu un développement semi-naturel.
Quid de la sécurité des usagers? «Elle n’est absolument pas remise en cause par cette nouvelle façon de faire. On continue d’assurer une surveillance accrue», insiste Alfonso Gomez.