Task force de la Confédération: chacun sa place!

  • STÉPHANE CHOLLET

Toute crise suscite instinctivement de la part des gouvernants la consultation de spécialistes. Certains y verront, hâtivement, la volonté de se «couvrir». En réalité, la démarche procède davantage de l’humilité à devoir prendre des décisions aux conséquences potentiellement graves dans des domaines qui requièrent des connaissances spécifiques. La crise sanitaire Covid-19 n’échappe pas à la règle. Et c’est tant mieux.

Il est d’ailleurs tout aussi impératif que l’opinion publique puisse accéder également à l’avis de spécialistes sous peine de laisser les gouvernements prendre les décisions qui leur chantent en prétextant une onction scientifique que personne ne pourrait vérifier.

Il s’agit cependant de ne pas mélanger les rôles et de ne pas transformer les spécialistes consultés en décideurs. Car les premiers n’ont aucune légitimité démocratique et seuls les seconds devront assumer le moment venu la responsabilité de leurs décisions.

C’est ainsi que l’on a pu s’interroger, lorsqu’au lendemain de l’ouverture des terrasses de restaurants par le Conseil fédéral, «sa» task force nous décrivait en conférence de presse les effets dramatiques probables de cette décision. De là à y voir un désaveu du Conseil fédéral, avec la précaution de prendre ses distances, il n’y avait qu’un pas... inacceptable.

Si l’on n’avait besoin que de connaissances scientifiques pour gérer cette crise et ses conséquences, cela se saurait. Alors que la task force joue son rôle, important, et qu’elle laisse ensuite celles et ceux qui ont été élus pour cela tenter de faire, avec pondération, cette délicate alchimie entre le possible et le souhaitable!