Aide sociale: un bureau pour sortir de la galère

  • Le Bureau d’information sociale (BIS) oriente les personnes impactées par les mesures anti-Covid.
  • Ce guichet de consultation qui réunit tous les acteurs du secteur ouvre à Plainpalais, jeudi 4 février.
  • La première phase du BIS, à Vernier, a démontré l’utilité de ce lieu avec 270 consultations en six semaines.

  • Au sein de l’espace de quartier de Plainpalais, la conseillère administrative Christina Kitsos, le directeur de l’Hospice général Christophe Girod, le président du Collectif d’associations pour l’action sociale Alain Bolle et le conseiller d’Etat Thierry Apothéloz. STéPHANE CHOLLET

    Au sein de l’espace de quartier de Plainpalais, la conseillère administrative Christina Kitsos, le directeur de l’Hospice général Christophe Girod, le président du Collectif d’associations pour l’action sociale Alain Bolle et le conseiller d’Etat Thierry Apothéloz. STÉPHANE CHOLLET

«Plus on traite une situation en amont, plus elle a des chances de se résoudre»

Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat, chargé du Département de la cohésion sociale

Comment s’en sortir dans le dédale des aides sociales? Pour apporter des réponses aux victimes des mesures contre le Covid-19, le Bureau d’information sociale reprend du service dès le jeudi 4 février. Après une phase test à Vernier, durant six semaines fin 2020, le BIS, de son petit nom, passe à la vitesse supérieure en s’installant pour dix semaines à l’espace de quartier de Plainpalais, rue des Minoteries. Pour nous présenter cette nouvelle étape, tous les partenaires sont réunis autour de la table: le Canton, la Ville de Genève, l’Hospice général et les associations, représentées par Alain Bolle président du Collectif d’associations pour l’action sociale.

Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat à la tête du Département de la cohésion sociale (DCS), explique: «Les gens doivent pouvoir trouver des réponses dans un seul et même lieu.» La conseillère administrative en Ville de Genève Christina Kitsos, elle aussi chargée de la Cohésion sociale, abonde dans son sens: «Il est capital de traiter l’ensemble des problématiques: endettement, difficultés de logement mais aussi décrochage scolaire, violences domestiques... Souvent, tout est lié.»

Eviter l’effet «boule de flipper»

Dans ce lieu unique, seront donc présents les services de la Ville et du Canton. Mais aussi des représentants d’associations spécialisées dans le droit au logement ou encore un psychologue ainsi que des étudiants en travail social de la Haute école de travail social de Genève.

Pour Alain Bolle, la réunion de tous ces experts au sein du BIS «permet d’éviter à la personne d’être renvoyée d’un office à l’autre telle une boule de flipper. Ici, elle est a minima orientée, voire on lui propose directement des solutions.» Sur place, un représentant de l’office de l’action, de l’insertion et de l’intégration sociales du DCS pourra en effet consulter la base de données et savoir immédiatement si la personne est éligible à des prestations sociales.

Selon les mots du directeur de l’Hospice général, Christophe Girod, «le but est d’aller vers les gens» et ainsi de lutter contre le non-recours aux prestations. «On parle trop souvent des gens qui abusent des prestations sociales, mais on ne parle pas de tous ceux qui n’accèdent pas à ce à quoi ils ont droit!» souligne Christina Kitsos.

Or, les études montrent que nombre de personnes hésitent à solliciter les aides sociales par manque d’information ou peur de la paperasse administrative. Résultat, ils sont nombreux à laisser le bateau prendre l’eau sans même tenter d’écoper. A cela s’ajoute la crainte d’être stigmatisé. «Ici, l’avantage c’est que le lieu est neutre, poursuit Christophe Girod. On ne pousse pas la porte de l’Hospice général.»

Agir plus vite

Mais au fond, pourquoi lutter contre le non-recours? «Plus on traite une situation en amont, plus elle a des chances de se résoudre», résume Thierry Apothéloz. Réagissant au propos du conseiller d’Etat, Alain Bolle salue cette volonté politique. «Avant cela, on a beaucoup entendu: plus on informe les personnes de l’existence de prestations sociales plus cela risque de nous coûter cher.» Une aberration aux dires du quatuor qui affirme que plus on laisse les choses s’aggraver, plus le coût humain mais aussi financier est important. «Il est par exemple difficile de réinsérer une personne qui se retrouve à la rue, précise Christina Kitsos. Mieux vaut donc éviter d’en arriver là en trouvant une solution de logement dès l’apparition des premières difficultés.»

«Avancer ensemble»

D’où l’utilité du BIS. «Cela correspond à un réel besoin», martèle Thierry Apothéloz, s’appuyant sur le bilan de la phase test (lire encadré). «On a pu observer que beaucoup de gens se rendaient au BIS indépendamment de la distribution de l’aide alimentaire à laquelle il était au départ couplé. Ils venaient uniquement pour cela.»

Reste à savoir pourquoi il aura fallu attendre près d’un an après le début de la crise pour les voir tous réunis autour d’une même table? «Ce n’est pas tout à fait exact, corrige Thierry Apothéloz. On a l’habitude de collaborer.» Alain Bolle assure quant à lui que «la crise permet de grandir, de développer, d’avancer ensemble». Et surtout, sur le long terme. Car, comme le confirme Thierry Apothéloz, le but serait de pérenniser le BIS.

BIS, à l’espace de quartier de Plainpalais, 3, rue des Minoteries. Dès le 4 février, tous les jeudis de 16h à 18h30. Informations sur www.info-sociale.ch

De la phase test à un système pérenne

Du 26 novembre 2020 au 14 janvier 2021 s’est déroulée la phase test. Durant les six semaines, il y a eu en tout 273 consultations. Soit une moyenne de 46 personnes par semaine. Parmi ces consultations: 176 visites auprès d’un travailleur social; 64 consultations auprès de l’Association des locataires ou de l’Association pour la sauvegarde du logement des personnes précaires; 33 consultations de la psychologue spécialisée de l’Association genevoise des psychologues. «Environ 50% des personnes viennent spécifiquement pour le Bureau d’information sociale (BIS, non-bénéficiaires de l’aide alimentaire)», précise le Département de la cohésion sociale. La phase 2 du BIS débute le 4 février. Jusqu’au 8 avril, à l’espace de quartier Plainpalais. Puis, du 15 avril au 17 juin, à l’espace de quartier 99 ou dans un autre lieu sur la rive gauche (Trois-Chêne).