La 5G représente-t-elle un risque pour la santé?

  • Les opérateurs suisses s’apprêtent à lancer la cinquième génération de téléphonie mobile.
  • 170 chercheurs internationaux, dont deux Suisses, ont lancé un appel pour demander un moratoire.
  • Selon eux, la 5G entraînera une forte augmentation de l’exposition au rayonnement de radiofréquence.

  • Le passage de la 4G à la 5G: un saut vers l’inconnu? 123FR

    Le passage de la 4G à la 5G: un saut vers l’inconnu? 123FR

«Les preuves scientifiques actuelles n’indiquent aucune nocivité sanitaire»

Alicia Richon, porte-parole de Swisscom

Tous les opérateurs de téléphonie mobile de Suisse sont dans les starting-blocks. Salt prévoit de lancer la 5G pour le troisième trimestre ou l’été 2019 au plus tard. Sunrise vient de mettre en service la première antenne de Suisse à côté de son siège à Zurich, tandis que Swisscom a déjà commencé à construire son réseau comme à Berthoud, dans le canton de Berne.

Il faut dire que l’enjeu est d’importance: la 5G, c’est un peu la giga-autoroute de données de la téléphonie mobile du futur. Grâce à une augmentation considérable de la bande passante, l’utilisateur pourra surfer jusqu’à 100 fois plus vite que ce que permet l’actuelle 4G, avec aussi la perspective d’un nombre démultiplié de connexions et d’usages pour l’économie, l’industrie et la santé, domaines où les objets connectés vont devenir la règle.

Innocuité pas prouvée

Avec de telles perspectives, tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si, car il y a un si, l’absence de dangerosité de la 5G pour la santé humaine était définitivement prouvée. En septembre 2017, plus de 170 scientifiques, médecins et membres d’organisations environnementales issus de 37 pays ont signé un appel demandant un moratoire: «Nous demandons urgemment l’arrêt du déploiement du réseau sans fil de 5G y compris depuis les satellites spatiaux. (...) La 5G entraînera une augmentation considérable de l’exposition au rayonnement de radiofréquence, qui s’ajoutera au rayonnement induit par les réseaux de télécommunications déjà en place. (...) Le déploiement de la 5G revient à mener des expériences sur les êtres humains et l’environnement, ce qui est considéré comme un crime en vertu du droit international.»

Parmi les scientifiques qui ont signé l’appel international, deux Suisses, le médecin Peter Meier et le biologiste vaudois Daniel Favre. «Après avoir personnellement constaté les effets délétères de la téléphonie mobile sur le comportement des abeilles mellifères, et publié ces résultats dans une revue scientifique de haut niveau, je me devais de signer cet appel international, puisqu’un insecte absolument indispensable à la pollinisation, l’abeille mellifère, est en grand danger», explique ce dernier.

Alors dangereuse ou pas la 5G? «Il est impossible de garantir l’innocuité de la 5G, et ce pour pratiquement toute technologie. Toutefois, les preuves scientifiques actuelles n’indiquent aucune nocivité sanitaire», commente Alicia Richon, porte-parole de Swisscom.

Elément plus rassurant, la Suisse applique des normes particulièrement restrictives en matière de rayonnement non ionisant: «Les limitations préventives des émissions définies en Suisse sont, aujourd’hui, très largement inférieures à celles en vigueur dans d’autres pays européens», observe ainsi Viola Lebel, responsable de la communication chez Salt.

«Questions en suspens»

«Jusqu’à présent, la recherche n’a montré aucun effet nocif sur la santé. Même si tout n’a pas encore été complètement clarifié scientifiquement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) estiment que les limites et directives existantes offrent une protection suffisante, pour les hommes ainsi que pour les animaux», ajoute Rolf Ziebold, chargé de communication de Sunrise.

La porte-parole de Swisscom se veut encore plus précise: «La technologie 5G sera en premier lieu exploitée à la fréquence 3,5 GHz. Les signaux transmis dans ces longueurs d’onde diffèrent à peine des fréquences légèrement plus basses telles qu’elles sont utilisées depuis des décennies. Selon le consensus scientifique actuel en la matière, il n’existe aucune preuve de danger pour l’homme et l’environnement, assure Alicia Richon. Des fréquences plus élevées d’environ 30 GHz ne seront utilisées que quelques années plus tard. Ces plages de fréquences font également l’objet de valeurs limites qui protègent contre tous les effets nocifs connus aujourd’hui. Mais il reste quelques questions en suspens, auxquelles une recherche de qualité doit apporter des réponses.»

Tardif groupe de travail

Afin de répondre aux «questions en suspens», la conseillère fédérale sortante Doris Leuthard a mis sur pied, au mois de septembre dernier, un groupe de travail sous l’égide de l’Office fédéral de l’environnement, et dont la mission est «d’étudier les outils nécessaires à l’instauration d’un réseau 5G et des risques qui en découlent», et dont les recommandations seront présentées à la mi-2019. Un peu tard lorsque l’on prend en compte les gigantesques investissements qui auront déjà été consentis par les opérateurs de téléphonie mobile.