La culture se rêve sans frontière

Les 25 et 26 avril, le public est convié à un week-end culturel dans les gares du Léman Express. Les infrastructures de mobilité permettent désormais aux publics et aux artistes de franchir la frontière. Si les communes sont en première ligne pour booster la culture à l’échelle régionale, il reste fort à faire.

  • La Compagnie Rhizome effectuera ses prouesses aériennes à la gare de Lancy-Pont-Rouge à l’occasion du F-LEX. DR_NANS KONG WIN CHANG

«On doit sortir du cliché: Genevois versus frontalier»

Sami Kanaan, magistrat en charge de la Culture en Ville de Genève

Assister à un concert à Château Rouge à Annemasse, visiter le Palais des Lumières à Evian ou profiter d’un spectacle d’Antigel quelque part dans le Grand Genève… Quels que soient vos goûts culturels, il est désormais plus facile de traverser la frontière pour les satisfaire. C’est pour célébrer cette avancée qu’aura lieu le F-LEX. Comprenez festival du Léman Express. Il se tiendra les 25 et 26 avril (lire encadré).

L’occasion rêvée de se demander où en est l’élaboration d’une vraie culture sans frontière. «La mise en service du Léman Express a donné un coup d’accélérateur au Grand Genève. La culture servant d’outil pour relier les territoires, on peut maintenant enclencher la vitesse supérieure», explique Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat chargé de la Cohésion sociale.

«Le sentiment d’appartenance»

Place à la culture donc! Qui doit servir de «liant, d’élément fédérateur», estime, à son tour, Sami Kanaan, conseiller administratif en Ville de Genève, chargé du Département de la culture et des sports. On doit faciliter tout ce qui peut permettre de sortir du cliché: Genevois versus frontalier». Le vice-président du Pôle métropolitain du Genevois français, Gabriel Doublet, renchérit: «On doit donner du corps à cette réalité transfrontalière. Nous avons une culture, une histoire commune, il est temps de la redécouvrir et de travailler sur le sentiment d’appartenance à notre territoire.»

OK mais quid de la pratique? De fin 2016 à début 2018, une exposition photographique intitulée «Le Grand Genève, Regards d’habitants» avait posé les premiers jalons en se promenant dans une quinzaine de communes de l’agglomération. Sur le terrain, les acteurs culturels n’ont pas attendu les autorités. La Bâtie, Antigel ou Jazz Contreband font régulièrement escale en Haute-Savoie et dans le Pays de Gex. Tandis que des théâtres montent des coproductions, à l’image de Saint-Gervais et Bonlieu scène nationale (Annecy).

«Dans les communes, surtout quand elles sont frontalières, beaucoup de choses se font déjà», ajoute Élisabeth Gabus-Thorens, conseillère administrative chargée de la culture, à Confignon. A titre d’exemple, sa commune ainsi que Bernex, Onex, Certoux, Lancy et Saint-Julien (F) préparent une exposition de sculptures le long de l’Aire, en 2021.

Obstacles administratifs et juridiques

Et que fait le Canton? Thierry Apothéloz cite notamment le projet MIRE. «Treize œuvres vidéos vont investir les cinq nouvelles gares genevoises du Léman Express ce printemps.» Pas si transfrontalier que cela donc... «Les voyageurs sont transfrontaliers, insiste le Conseiller d’Etat. Et, Annemasse Agglo serait intéressée pour sa propre gare.»

Pour Elisabeth Gabus-Thorens, qui a, au nom de l’Association des communes genevoises, présidé le comité de pilotage F-LEX, l’Etat pourrait aider davantage les projets à franchir les obstacles administratifs et juridiques. «Pour ce festival, il a fallu qu’on associe un juriste à nos travaux pour savoir qui était en droit de gérer de l’argent venant à la fois de France et de Suisse», explique-t-elle.

Un obstacle que certaines compagnies transfrontalières connaissent bien. D’où la création de conventions franco-suisses. La première à en bénéficier est la compagnie de danse 7273. Le but: pouvoir toucher des subventions de la Suisse, la France et même l’Union européenne. Sont intéressés par ce modèle: Les 3 points de suspension et le collectif de musiciens, le Lemanic Modern Ensemble.

Last but not least, Sami Kanaan propose un nouveau forum culturel transfrontalier. Beaucoup de bla-bla et peu d’actions en perspective? «Non, rétorque le magistrat, c’est important de tisser les liens pour pouvoir avancer avec des initiatives concrètes.» Et de formuler l’idée de créer 1% «culturel» prélevé sur les fonds frontaliers et destiné à booster les projets transfrontaliers.

Un festival célèbre le Léman Express

Les 25 et 26 avril se tiendra le F-LEX ou Festival du Léman Express.
9 gares: Genève-Eaux-Vives, Lancy-Pont-Rouge, Genève-Champel, Chêne-Bourg, Annemasse, Thonon, Bonneville, La Roche-sur-Foron et Bellegarde.
Une quinzaine de compagnies dont:
3615 Dakota qui proposera sa thalassothérapie urbaine à Thonon.
La Cie Rhizome et ses prouesses aériennes à Lancy-Pont-Rouge.
Les Centaures prêts à surgir à Annemasse.
La flamboyante Cie Carabosse à Genève-Eaux-Vives.
Et un pique-nique géant sur la voie verte le dimanche 26.
Deux organisateurs: Château Rouge, Annemasse et la Comédie de Genève.
300’000 francs de subventions, dont la moitié par l’Association des Communes Genevoises et les communes elles-mêmes. L’autre par le Pôle métropolitain du Genevois français.

Plus d’infos à partir du mercredi 19 février sur www.f-lex.info