«Il y aura un décollage et un atterrissage toutes les minutes et demie!»
Mike Gérard, président de l’association des riverains de l’aéroport.
«Nous ne devons pas faire les frais d’un aéroport gourmand, qui souhaite gagner plus sans prendre en considération les riverains de Cointrin!» Mike Gérard, président de l’association des riverains de l’aéroport (ARAG) ne décolère pas. «D’ici quinze ans, tout l’environnement aéroportuaire sera chamboulé! Genève Aéroport prévoit d’accueillir 10 millions de passagers supplémentaires et 45’000 mouvements d’avions sans construire de deuxième piste! Leur solution? Etendre les vols de nuit jusqu’à minuit et même autoriser des vols commerciaux en pleine nuit! La situation actuelle est déjà catastrophique, nous n’en pouvons plus!»
Noire perspective
Une des craintes de l’ARAG, c’est une augmentation des vols de nuit, surtout après 23 heures, qui sont néfastes pour la santé des riverains (lire ci-contre). «Par ailleurs, autoriser des vols commerciaux en pleine nuit n’est pas permis actuellement par les ordonnances de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC)», rappelle encore Mike Gérard. Et d’appuyer: «Cointrin prévoit 139 destinations supplémentaires à travers le monde. Sans compter que le franc fort pourrait privilégier les vacances des Suisses à des destinations dans la zone de l’euro. Ça va faire mal, cette fois nous ne dormirons plus du tout…», s’inquiète-t-il.
Pétition cantonale
C’est donc le branle-bas de combat autour de Cointrin. Le mois de juin est la dernière ligne droite pour faire entendre les doléances des mécontents auprès du Gouvernement. En avril dernier, les riverains ont lancé une pétition à l’échelle cantonale, réclamant le couvre-feu aérien à 23 heures et l’interdiction des vols commerciaux entre 23 heures et 6 heures. Elle sera déposée au Conseil d’Etat fin juin. Il s’agit de la première action cantonale. L’ARAG est aussi associée à d’autres actions communales. D’autres entités, comme l’association des intérêts de Vernier-Village , l’UDC-Vernier ainsi que des habitants de Vernier ont respectivement déposé une motion et une initiative communale. En avril dernier, le Conseil municipal a ainsi adopté une résolution exigeant l’avancement du couvre-feu aérien à 23 heures. L’Exécutif verniolan la transmettra au Conseil d’Etat d’ici fin juin.
Parallèlement, d’autres interventions sont mises sur pied dans les communes concernées par les nuisances aériennes. A Genthod par exemple, des micros enregistrent les décibels. «Nous préférons nous fier à nos propres mesures, plutôt que ceux de l’aéroport qui ne sont pas publiés», détaille pour sa part Daniel Rohner, habitant de Versoix. Du côté français, à Ferney-Voltaire, des actions de protestation sont également pendantes.
Mobilisation interfrontière
Ainsi, de Versoix à Vernier en passant par la France voisine c’est la mobilisation générale afin que la situation ne se péjore pas. Et les contestataires sont tous du même avis: «Nos études poussées démontrent qu’actuellement, le trafic aérien de nuit est en légère baisse, poursuit Mike Gérard. Mais dans 15 ans, lorsque Cointrin accueillera 25 millions de passagers sans piste supplémentaire, nous aurons un décollage ou un atterrissage toutes les une minute trente! Ce n’est pas possible, nous devons prendre les devants!»