Le tourisme responsable a le vent en poupe

  • De plus en plus de Suisses plébiscitent les voyages qui respectent l’environnement et les droits sociaux.
  • Le «slow tourisme» et les voyages humanitaires sont également prisés de certains voyageurs.
  • Un salon dédié à cette tendance grandissante se tient fin janvier à Palexpo.

  • Voyager oui, mais en ayant une conscience écologique. 123RF/ALEXEY POPROTSKY/LG

    Voyager oui, mais en ayant une conscience écologique. 123RF/ALEXEY POPROTSKY

  • Alexandre Python, patron de l’agence Ad gentes. DR

    Alexandre Python, patron de l’agence Ad gentes. LG

«80% des demandes des clients relèvent d’un désir de voyager de manière responsable et consciente»

Alexandre Python, patron de l’agence Ad gentes

Réchauffement climatique, dégradation de la biodiversité, consommation responsable… Les consciences s’éveillent tous azimuts sur quantité de sujets. Le tourisme ne pouvait faire exception. Cette industrie connaît depuis environ un an une vague verte et éthique qui ne peut plus être reléguée au rang de niche commerciale négligeable.

Le premier Salon des voyages QuoVadis, organisé à Palexpo du 24 au 26 janvier prochains, en même temps que le deuxième Salon de la croisière, témoigne de cette faim de «tourisme responsable» de la part des voyageurs. Il montre aussi que de nombreuses destinations existent déjà en la matière. Le Genevois Alexandre Python, cofondateur du salon et patron de l’agence Ad gentes, souligne que «80% des demandes faites par des clients ces derniers mois à 1800 agences, présentes en décembre dernier au salon de référence International Luxury Travel Market (ILTM) à Cannes, relevaient d’un désir de voyager de manière responsable et consciente».

Une opportunité à saisir

Selon le site quotidiendutourisme.com, 200’000 Français ont renoncé à voyager en avion en juillet 2019 par conscience écologique. Pour les agences de voyages, dont le business a durement pâti de la démocratisation des voyages réservés sur Internet (qui en Suisse représentent 78% du marché), il y a un créneau à saisir.

Le tourisme responsable inclut aussi les aspects sociaux et humains. «Les agences comme la nôtre choisissent de travailler avec des hôteliers, des transporteurs ou des guides traités dignement par leurs employeurs», relève Alexandre Python. En Israël, les chauffeurs de bus avec qui il travaille sont par exemple salariés et non pas payés uniquement aux pourboires comme c’est l’usage là-bas.

Le luxe à l’avant-garde

Le tourisme de luxe est plus particulièrement en avance dans le domaine écoresponsable. A l’instar du MS Roald Amundsen, les nouveaux bateaux permettant de faire des croisières en Antarctique sont par exemple à propulsion hybride (diesel et électrique) et réservés deux ans à l’avance. Certains hôtels de luxe, tel The Pavilions Himalayas, sont 100% eco-friendly. Ils produisent leur électricité, recyclent leur eau et cultivent leur nourriture.

D’autres tendances, minoritaires, ont le vent en poupe: le slow tourisme, consistant à préférer les vraies rencontres et la qualité à la quantité; les voyages humanitaires, au cours desquels on paie pour aller aider; ou les séjours en immersion dans la vie d’un peuple autochtone.

Changer, pas culpabiliser

Le caractère responsable des voyagistes est certifié par des labels. Qui se multiplient. TourCert est l’un des plus exigeants. Travailler avec EasyJet, dont la responsabilité sociale est jugée insuffisante, est par exemple éliminatoire. Kontiki Voyages, tour-opérateur spécialisé dans les voyages nordiques et basé à Lausanne, répond à ses exigences depuis 2013. C’est presque une obligation car les pays nordiques sont très regardants sur ces considérations, lesquelles touchent aussi davantage les Alémaniques que les Romands. «Cette démarche relève d’un choix d’entreprise, reconnaît Maryline Lugrin, spécialiste chez Kontiki. Nous incluons aussi une taxe CO2 d’environ 20 francs sur nos voyages. Elle peut être optionnelle ou obligatoire. Certains clients ne sont pas encore conscients de l’importance de cette taxe.»

Faute de pouvoir revoir drastiquement leurs habitudes, un nombre grandissant de voyageurs choisissent aussi d’eux-mêmes de compenser leur émission CO2 en versant la somme d’argent correspondante à des projets écologiques via notamment la plateforme myclimate.org. Alexandre Python y voit une «prise de conscience louable». L’idée de son salon n’est d’ailleurs pas de faire culpabiliser le voyageur. «L’objectif est plutôt que les visiteurs confirment leurs désirs de voyager tout en devenant acteur du changement. Ce changement passe par les rencontres et le respect. Il ne peut être mesuré à l’aulne du seul CO2 consommé!»

Salon des voyages QuoVadis et 2e Salon de la croisière, du 24 au 26 janvier, Palexpo.
www.salondesvoyages.ch