Les médiateurs de nuit débarquent en Ville

  • Christina Kitsos, chargée de la Cohésion sociale et de la Solidarité, veut renforcer la prévention nocturne auprès des jeunes.
  • Inscrite au projet de budget 2021, l’expérience pilote sera menée dans un ou deux quartiers pour commencer.
  • Après les cent premiers jours de mandat à gérer l’urgence, la magistrate veut agir sur le long terme.

  • Christina Kitsos: «Les médiateurs de nuit ne sont ni policiers, ni médecins.» STÉPHANE CHOLLET

«Le projet ne sera réussi que si on arrive à travailler avec tous les acteurs»

Christina Kitsos, conseillère administrative chargée de la Cohésion sociale et de la Solidarité en Ville de Genève

Lutter contre les nuisances sonores à la sortie des bars, prévenir le harcèlement de rue ou encore limiter l’amoncellement de déchets. Tels sont quelques-uns des défis auxquels la Ville de Genève se retrouve confrontée. Autant de phénomènes nocturnes qui se sont amplifiés avec la fermeture des boîtes de nuit pour cause de crise sanitaire et les regroupements des jeunes dans l’espace public. D’où le projet de Christina Kitsos, conseillère administrative chargée du Département de la cohésion sociale et de la solidarité: créer des postes de médiateurs de nuit. Explications.

GHI: En quoi consiste le projet?
Christina Kitsos: Le but est de faire de la prévention de nuit. Les médiateurs, au nombre de trois par quartier, assurent une présence nocturne auprès des jeunes. Il s’agit de tisser des liens de confiance afin, par exemple, de désamorcer un conflit avant qu’il n’éclate. Cela se fait déjà dans certaines communes comme Vernier mais, en Ville de Genève, c’est une grande première!

– Pourquoi maintenant?
– La crise sanitaire a eu des effets sur la jeunesse. Le semi-confinement a été vécu de manière très différente selon les catégories sociales mais aussi selon le contexte familial ou encore l’accès ou non au numérique. On sait que l’école a, en temps normal, un effet structurant. En l’absence de ce cadre qui contribue à la construction de l’identité, on a assisté à des phénomènes de décompensation ou à la prolifération de comportements exacerbés. Dans ce contexte, ce projet pilote a tout son sens.

– Les médiateurs seront donc là pour fliquer les jeunes?
– Pas du tout. Chacun son rôle. Les médiateurs assureront une mission de prévention en matière de sexualité, de harcèlement, sur les questions d’addiction et concernant les incivilités. Ils ne sont ni policiers, ni médecins... Mais, le projet ne sera réussi que si on arrive à travailler avec tous les acteurs. A développer une vision commune de ce que doit être la prévention auprès des jeunes la nuit.

– Concrètement, quand les médiateurs seront-ils sur le terrain?
– Pour le moment, on identifie les quartiers où il y a un besoin. Le projet pilote sera lancé dans un ou deux quartiers, peut-être aux Charmilles. Le but est de l’inscrire au projet de budget 2021. Soit 320’000 francs par an, pour trois postes. A noter qu’ils sont entièrement financés par une réallocation de ressources à l’interne de mon département. Ensuite, on fera un bilan, on ajustera le dispositif et on l’étendra à d’autres quartiers.

«Je n’ai pas eu de période de rodage»

Voilà pile cent jours en ce mercredi 9 septembre que Christina Kitsos a pris les rênes du Département de la cohésion sociale et de la solidarité en Ville de Genève. C’était le 1er juin, en pleine crise sanitaire et sociale.

GHI: Comment s’est passée votre arrivée? 
– Christina Kitsos: Habituellement, il y a une période de rodage en début de mandat… Je ne l’ai pas eue! Le premier stress: gérer la fermeture imminente de la caserne des Vernets. Avec une seule séance du Conseil municipal, j’ai dû faire voter un crédit sur le siège. Un vrai baptême du feu!

– Il y a aussi eu l’urgence alimentaire… 
– Exact. Mon département, sous l’impulsion de ma prédécesseure, Esther Alder, s’est fortement impliqué aux côtés de l’association Caravane de la solidarité. On a été dans le palliatif. C’est ce qu’il fallait faire. Maintenant, il faut pérenniser les choses et développer une vision commune avec le Canton, les communes et les associations.

– Comment?
– Mon principal objectif consiste à lutter contre le non-recours aux prestations. Plus personne ne doit échapper au filet social. Et on doit agir en amont pour éviter que les gens perdent leur logement et ne tombent dans la spirale de la précarité. Il faut un foyer pérenne en surface doté d’un programme de réinsertion professionnelle.

– D’autres priorités? 
– Pour les personnes âgées notamment. Il y a Cité Seniors aux Pâquis. C’est très bien mais on doit développer ce type d’accueil et d’activités dans chaque quartier en s’appuyant sur l’existant tel que les maisons de quartier. On est entré dans une société de la longue vie. A nous, collectivités, d’aider nos concitoyens à vivre bien plus longtemps.