Les sextoys hi-tech séduisent les Genevoises

Des gadgets érotiques, plus stimulants et efficaces que nature, font fureur auprès des dames et des couples. Trois Romandes témoignent à chaud de leur vécu en la matière et commentent cette évolution rapide. Le sexologue romand Mabrouk Mehrez y entrevoit une avancée pour la santé.

  • S’accorder un moment de détente avec un sextoy n’est plus tabou pour les femmes.

    S’accorder un moment de détente avec un sextoy n’est plus tabou pour les femmes.

  • S’accorder un moment de détente avec un sextoy n’est plus tabou pour les femmes. STEPHANE CHOLLET

    S’accorder un moment de détente avec un sextoy n’est plus tabou pour les femmes. STEPHANE CHOLLET

  • S’accorder un moment de détente avec un sextoy n’est plus tabou pour les femmes. STéPHANE CHOLLET

    S’accorder un moment de détente avec un sextoy n’est plus tabou pour les femmes. STéPHANE CHOLLET

«Les sexshops permettent aux femmes de se reconnecter à leurs corps et leurs envies»

Noémie, cliente

Les sexshops réels ou virtuels attirent de plus en plus de femmes. Notamment dans les «capitales» romandes que sont Genève et Lausanne. Dernièrement, une étude menée par le site de vente en ligne KissKiss.ch sur 30’000 achats assénait, non sans arrière-pensées marketing, que 47% de ses clients étaient des clientes. Pour prendre la mesure de cette féminisation, une visite dans la succursale lausannoise de Magic X Erotic Megastore suffit.

Là, au milieu d’innombrables dessous et panoplies sexy, de godemichets colorés et design, et de gels de massage, déambulait lors de notre passage Noémie toute crinière dehors, vêtue de noir et les jambes moulées dans des leggins. Cette éducatrice de 42 ans est une habituée et l’assume. «Je suis venue chercher un nouveau vibromasseur histoire d’alimenter ma libido», répond-t-elle sans complexe ni provocation à notre première question.

Au-delà d’une sexualité normative

Et cette «maman d’un ado de 13 ans, vivant en couple et fidèle» de prendre illico de la hauteur autour d’un café: «Des lieux comme celui-ci aident à aller au-delà de la sexualité normative, souvent un peu stérile, dans laquelle la société veut nous pousser. Ils encouragent les gens à se reconnecter à leur corps et à écouter leurs envies. Cela permet aux femmes de se réapproprier leur puissance et de pimenter leur vie de couple!»

La Lausannoise se rend d’ailleurs souvent ici avec son compagnon. Et elle n’est pas la seule à en croire Jan Brennimann, porte-parole de cette enseigne comptant 30 magasins en Suisse: «En quinze ans, l’érotisme est devenu lifestyle et notre clientèle a changé. Dans nos magasins romands phare que sont ceux de Genève et Lausanne, comme ailleurs, elle se compose principalement de femmes et de couples. Les hommes ne représentent désormais que 30% contre presque 100% à l’époque!»

C’est grâce au prolongement de cette évolution sur internet que celle que nous appellerons Louise, une Genevoise de 24 ans, confie avoir connu son premier orgasme en solitaire voici un an. «J’ai acheté un vibromasseur et de l’huile de massage sur un coup de tête. Cela a permis de découvrir en moi des territoires inexplorés, de mieux comprendre ce qui me plaisait et d’avoir encore plus de plaisir avec mes partenaires», explique timidement cette étudiante. Aujourd’hui, elle officie comme testeuse pour KissKiss.ch. «Les textes que je tire de ces expériences sensuelles sont ma goutte d’eau ma goutte d’eau dans l’océan pour je l’espère lever les tabous entourant la sexualité féminine, la rendre puissante, intéressante et ludique.»

Soirées «Tuppergode» entre amies

Cette profession de foi, Marina Bonnet, fondatrice du site bonbonrose.ch pourrait la prendre à son compte. En 2007, cette ex-infirmière en psychiatrie de 42 ans lançait son site de vente web en ligne de sextoys aujourd’hui fréquenté par 40% de femmes. Mais sa particularité est surtout qu’elle organise 1000 ventes à domicile par an et qu’elles sont fréquentées à 90% par des femmes. Certaines les appellent les soirées «Tuppergode» car on n’y parle pas tupperwares mais plutôt orgasmes, plaisir et dildos (notamment). «Le tout sainement et en s’amusant. Cela va dans le sens d’aider les femmes à cesser d’être plaintivs et projectives pour prendre les choses en main dans tous les domaines de leur vie!» Ceux qui doutent de cette évolution peuvent toujours se faire leur propre opinion en se rendant ce week-end au salon érotique Extasia, à Genève.

«Ces lieux sont bons pour la santé sexuelle!»

LG • «La solution aux problèmes sexuels passe assez souvent par les sexshops!» Cet avis a de quoi surprendre dans la bouche d’un sexologue. C’est pourtant celui de Mabrouk Mehrez, professionnel de la sexualité bien connu à Lausanne depuis 17 ans. Le Romand constate que nombre de couples venant le consulter lui et ses collègues passent «de manière décomplexée et ludique» par ces magasins «autrefois glauques car un peu réservés à des frustrés à la sexualité refoulée ou déviante». C’est souvent même lui qui les leur recommande avec un certain succès. Les vibromasseurs peuvent ainsi contribuer à soigner une anorgasmie féminine. La présence de tels objets dans nombre de grandes pharmacies montre d’ailleurs qu’ils sont perçus aujourd’hui comme porteurs de santé. Le professionnel constate également que les femmes s’emparent désormais rapidement de ces questions et avec de plus en plus de liberté. «Ce déblocage met la pression sur certains hommes chez qui on constate davantage de problèmes d’érection ou d’éjaculation précoce», conclut-il.