Un hangar désaffecté fait tache dans la campagne meynite

  • Depuis quinze ans, un bâtiment fait l’objet d’une bataille juridique entre la propriétaire et la commune.
  • Excédés par la situation, des habitants lancent une pétition pour demander la démolition de la bâtisse.
  • C’est l’un des 560 dossiers que traite le service cantonal de l’inspection de la construction et des chantiers.

  • Le bâtiment couvert de tags est entouré de barrières en tôle. MP

    Le bâtiment couvert de tags est entouré de barrières en tôle. MP

«Vous avez vu ça! C’est immonde ce truc et ça fait des années que c’est comme ça»

Un riverain excédé

Ah Meinier! Ses vignes, ses chemins caillouteux, son panorama sur les Voirons, les Alpes, le Salève, le Jura, ses champs… Et au milieu: une verrue. Car, il faut bien dire ce qui est, le hangar situé chemin des Varlioudes défigure ce coin de la campagne meynite.

Le bâtiment encadré par des barrières en tôle est couvert de tags. La construction n’est pas achevée. Et à la moindre pluie, une étendue d’eau immerge le terrain. De quoi susciter la colère de plusieurs habitants du village. «Vous avez vu ça! C’est immonde ce truc et ça fait des années que c’est comme ça», s’agace un riverain.

Tout commence au début des années 2000, la propriétaire de la parcelle, Claire-Lise Boujon, maraîchère spécialisée dans la culture de la rhubarbe, dépose une demande de construction pour un bâtiment agricole. L’autorisation est donnée. Les travaux peuvent commencer. Le hangar sort de terre.

«Dangereux et peu esthétique»

En 2009, une visite du chantier est organisée à la demande de la Municipalité afin de vérifier la conformité du bâtiment. La poursuite des travaux est validée à condition de sécuriser le chantier. En 2012, le Canton et la commune organisent une nouvelle visite sur site. S’ensuivent des échanges entre le département concerné et la propriétaire, assistée d’un avocat.

En janvier 2015, lors d’une séance du Conseil municipal de Meinier, le maire réitère sa volonté de «supprimer cet appendice qui se trouve dans un état déplorable, représente un danger et est peu esthétique de surcroît». Le site est d’ailleurs le théâtre de rave parties avant que son accès soit mieux sécurisé.

C’est en 2015 que tombe la première mise en demeure: soit le bâtiment est démoli, soit il faut terminer le chantier. Rien ne bouge. En juin 2016, une nouvelle obligation de détruire est prononcée.

Démolition ordonnée par le Canton

Puis, intervient le tout nouveau service cantonal dédié à l’inspection des constructions et chantiers, officiant sous la houlette du Département du territoire (DT). En mai 2019, il ordonne la démolition et la remise en état du terrain. La propriétaire dépose un recours devant le Tribunal administratif de première instance. «Cette démarche a pour effet de bloquer l’action du département», signale le DT.

Dernier épisode en date: dans l’hebdomadaire Terre et Nature paru le 30 avril dernier, Claire-Lise Boujon annonce «son projet de reconvertir un bâtiment en cuisine professionnelle et local de vente (...) dès les autorisations reçues». Selon le DT, «aucune demande d’autorisation pour un changement d’affectation ou des travaux n’a été déposée».

Interrogée sur ces différents points, la maraîchère répond laconiquement: «Une procédure de justice est en cours, elle est confidentielle, nous ne pouvons vous fournir aucune information à ce sujet.»

Le ping-pong juridique se poursuit. Las de cette situation, des habitants lancent une pétition en ligne jeudi 16 juillet qu’ils comptent adresser au Canton.

Près de 560 dossiers en cours

De la palissade lambda à l’imposant bâtiment, rien ne lui échappe. Depuis octobre 2018, le service de l’inspection de la construction et des chantiers, au sein du Département du territoire, intensifie son combat contre les constructions non conformes. Il compte dix inspectrices et inspecteurs en sus des personnes en charge de l’administratif et des questions juridiques.

«Notre action ne se cantonne pas uniquement à traquer les infractions à la loi sur les constructions, détaille le chef de service, Nicolas Ungaro. D’autres activités s’y ajoutent comme le contrôle de la sécurité du public et des ouvriers au sein des chantiers du canton et la délivrance des permis d’occuper des bâtiments ouverts à un large public tels que des restaurants ou autres centres commerciaux.» La lutte contre les infractions équivaut, selon lui, à 40% de l’activité du service. Depuis octobre 2018, dans ce combat spécifique, 185 dossiers ont été classés. Près de 560 sont en cours de traitement.