Arche de Noé: qui fait l’âne?

éCOLE GENEVOISE • La laïcité, c’est bien. L’évacuation dogmatique de toute référence au champ religieux, ça l’est moins. Ainsi, l’affaire révélée mardi 26 mai par 20 Minutes: la Direction générale de l’enseignement obligatoire, à Genève, a refusé le projet d’un opéra pour enfants, L’Arche de Noé, de l’un des plus grands musiciens britanniques du vingtième siècle, Benjamin Britten (1913-1976). Le projet était présenté par L’Orchestre de Chambre de Genève (L’OCG), lié au DIP par un contrat de prestation. Le DIP considère la participation d’enfants des écoles à cet opéra comme contraire au principe de neutralité religieuse. Il y aurait, pour les besoins de l’œuvre, la nécessité pour les enfants d’apprendre une prière.

Et c’est cela qui ne va pas. Cela qui choque de la part d’un Département qui justement s’occupe de l’initiation des jeunes au phénomène artistique. Car dire, ou chanter une «prière», dans une œuvre de Britten, ça n’est pas prier. C’est participer, comme chanteur, à une fiction nommée «opéra», dans laquelle des personnages, ou des chœurs, disent une prière. Ce distinguo élémentaire semble avoir échappé à certaines instances du DIP, apparemment tétanisées dès que surgit une œuvre évoquant le phénomène religieux. C’est hautement regrettable: la laïcité, ça n’est en aucun cas l’évacuation timorée de tout ce qui, notamment à travers une œuvre d’art, rappelle le religieux. D’ailleurs, à ce tarif, adieu Bach, adieu Haendel, adieu la Missa Solemnis de Beethoven, adieu les Requiem, adieu Mozart, adieu Verdi, adieu Fauré, adieu Brahms. Et bienvenu dans un monde de ploucs, géré par des incultes.