COMMENTAIRE - Après, on discutera

  • Pascal Décaillet. dr

    Pascal Décaillet. dr

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    Pascal Décaillet. dr

Le plus fou, c’est de lire, sous des plumes suisses, que la démocratie directe ne serait pas faite pour les Français. Comme si génétiquement, par nature, nos amis d’outre-Jura se trouvaient inaptes à l’exercice des droits populaires.

Mais qui sommes-nous, les Suisses, pour venir décréter que le suffrage universel, sur des objets thématiques, conviendrait davantage, en soi, à un peuple, plutôt qu’à un autre? Et qui serions-nous, pour administrer des leçons de démocratie à un voisin qui, à la fin du XVIIIe siècle, a donné au monde une universelle leçon d’affranchissement? Pas seulement en congédiant la monarchie, mais en jetant des bases républicaines dont tant de pays, dans le monde, se sont inspirés.

A la vérité, ceux qui proclament l’inaptitude foncière des Français à cet exercice, sont les mêmes qui, chez nous, combattent la démocratie directe. La plupart du temps, ce sont des élus, dans des parlements cantonaux ou aux chambres fédérales. Par corporatisme consanguin, ils défendent bec et ongles la démocratie représentative, aussi essoufflée soit cette dernière. En Suisse, ils n’ont toujours pas admis que la démocratie directe était partie prenante de notre système, non comme anomalie, mais comme institution.

A ces gens-là, confiscateurs de démocratie, la seule réponse à donner est la vitalité citoyenne. La politique nous appartient, à tous. Et certainement pas aux seuls élus! Qu’ils commencent déjà à appliquer correctement les initiatives votées par le peuple. Après, on discutera.